Article de Paris Match publié le 11 août 2010 :
Ebrahim Hamidi, un Iranien de 18 ans a été condamné à mort pour «homosexualité et acte de sodomie». Menacé, son avocat, Maître Mohammad Mustafahé (NdR : généralement retranscris Mostafaei), a dû fuir l’Iran d’où il poursuit son combat.
En Iran, l’homosexualité est punie par la peine de mort par pendaison. Comme nombre de ses compatriotes, Ebrahim Hamidi, un Iranien de 18 ans, devrait subir ce sort. Il a été condamné le 21 juin dernier à Tabriz, dans le Nord-ouest de l’Iran, à la peine capitale pour homosexualité et acte de sodomie. Et ce sans qu’aucune preuve tangible n’ait avéré «l’acte anal illicite»; sur le seul fondement de la «connaissance du juge». Et pour cause: Ebrahim Hamidi ne serait même pas gay. L’origine de ce procès serait en fait une banale dispute entre deux familles, soldée par une accusation lancée à la va-vite, et pourtant irrémédiable.
A l’époque, en 2008, Ebrahim et trois jeunes hommes se querellent avec un cinquième. Ce dernier les accuse de l’avoir agressé sexuellement. Tous les quatre sont arrêtés. Ils avouent leur crime, selon la défense, sous la torture. Ils sont condamnés à la peine de mort en première instance, mais la Cour suprême casse ces décisions, à cause d’irrégularités de procédure. Une première fois, puis une deuxième. Les trois comparses d’Ebrahim sont finalement acquittés, mais pas lui. Sa condamnation est confirmée le 21 juin dernier. Le 7 juillet, l’accusateur se rétracte. Dans une lettre adressée à la police, il retire sa plainte et avoue avoir menti, cédant aux pressions de ses parents. La Cour suprême doit désormais décider de faire appliquer la sentence ou non.
L’avocat en exil
Une affaire d’une triste banalité en République islamique –cinq autres jeunes sont actuellement sous le coup de la même condamnation- mais portée à la connaissance du monde grâce à l’avocat d’Ebrahim Hamidi. Ce dernier a en effet le rare privilège d’appartenir à une famille aisée qui le défend ouvertement et peut lui payer un avocat. «Ebrahim Hamidi est pour l’instant le seul jeune homme accusé d’acte de sodomie et condamné à mort qui a la chance d’avoir un avocat et ses parents pour le soutenir dans cette affaire», confirme dans un communiqué Saghi Ghahraman, président de l’Iranian Queer Organisation (IRQO), l’association iranienne de défense des droits LGBT (*) basée à Toronto (Canada). «Nous n’avons en revanche aucune nouvelle des cinq autres jeunes qui sont actuellement sous le coup de la même condamnation dans le pays, qui sont détenus dans des conditions inconnues à Tabriz, Sardasht, Ardabil et Shiraz», précise-t-il.
Maître Mohammad Mustafahé, spécialiste des droits de l’Homme dans son pays, est connu pour avoir épargné de la mort plusieurs de ses clients accusés d’homosexualité ou (clientes) d’adultère. Il mise justement sur cette médiatisation pour lui sauver la vie. A coups de communiqués et de déclarations à la presse, il s’est battu pour que cette affaire soit rendue publique, comme il l’avait fait pour Sakineh Mohammad Ashtiani, une Iranienne de 43 ans, mère de deux enfants, récemment condamnée à mort par lapidation pour adultère, encore une fois sans la moindre preuve. Une spécialisation qui lui vaut une certaine notoriété mais aussi quelques ennemis… Le 22 juillet dernier, des policiers ont fait éruption dans son cabinet de Téhéran, mandat d’arrêt à la main. Comme il était absent, c’est sa femme, Fereshteh Halimi, qui a été arrêtée et maintenue en détention à la prison d’Evin –elle a depuis été libérée. Suite à cela, Mohammad Mostafaei a fui son pays pour la Turquie, puis la Norvège où il est en exil depuis.
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