Le blog gay de Cavaillon et ses amis prostitués

  abusé par un pasteur durant son adoles­cence dans l’In­diana. Un homme qui parta­gea aussi avec lui sa passion pour la corrida ou les courses auto­mo­biles 

 

mercredi 30 septembre 2015 Gala Live

  culte :  L'écri­vain Philippe Besson se penche sur la courte vie de James Dean. Un homme qui ne s'est jamais remis de la perte de sa maman, et qui aimait les femmes, et les hommes…

Que ce soit aux femmes ou aux hommes, « James Dean s’est donné à beau­coup de gens avec la volonté de n’ap­par­te­nir à personne. » Philippe Besson s'est passionné pour son idole dont il avait, comme tant d'autres, punaisé le poster dans sa chambre d’ado­les­cent. Il a aussi ausculté des heures durant les dizaines de photos prises par Dennis Stock, et s'est penché sur ces séries de clichés en noir et blanc deve­nus mythiques. A la recherche d'un détail, d'une posture, d'un mal-être. Un travail minu­tieux, essen­tiel pour l’ai­der à démê­ler, fil après fil, l’épais mystère de cette vie fulgu­rante et brisée en vol. Pour sonder cette person­na­lité ambi­guë, « fragile comme du verre », comme le décrit l’au­teur de Vivre vite (Julliard), un roman consa­cré à ce grand soli­taire, si entouré pour­tant.

Au fil des rencontres amou­reuses et amicales, mascu­lines ou fémi­nines, nouées par le comé­dien, Philippe Besson inter­roge sa rela­tion aux autres, esquisse par petites touches le portrait de ce garçon « pas très grand, mal foutu et myope, mais qui a impres­sionné chacune des personnes qu’il a croi­sées ».

Le roman­cier plonge aux origines du mythe. Mildred, la mère de James Dean, n’est-elle pas la première à avoir su voir en lui la lumière? A le trou­ver singu­lier et à aimer cela? « Cette maman peu conven­tion­nelle l’élève en effet à rebours des prin­cipes de la bonne éduca­tion au fin fond de l’In­diana, assure Philippe Besson. Elle lui fabrique des marion­nettes en chif­fon, impro­vise avec lui des pièces de théâtre, l’ins­crit à un cours de claquettes, le pousse vers les matières artis­tiques, l’en­cou­rage à une meilleure connais­sance de lui-même. » Elle lui insuffle aussi son goût de la liberté, sous l’œil inquiet de son mari, un prothé­siste dentaire on ne peut plus effacé.

La dispa­ri­tion de cette mère qui l'aimait autant qu'elle le pous­sait vers les cimes va terras­ser ce fils unique. A jamais.  Il a neuf ans, lorsque Mildred est empor­tée par un cancer. Il s’est tenu à son chevet pendant ses mois d’ago­nie en Cali­for­nie, où les avait entraî­nés le job de son père. Il accom­pa­gnera son cercueil, dans un train, un éprou­vant trajet de 2000 kilo­mètres, pour qu’elle soit enter­rée sur sa terre natale d’In­diana.         

Recueilli par son oncle et sa tante, « aban­donné » par son père, estime-t-il, James Dean va dès lors se cher­cher des guides exclu­si­ve­ment fémi­nins. Il y aura sa première profes­seure d’art drama­tique, Adeline Brook­shire, qui saura lui donner confiance et tentera de cana­li­ser sa résis­tance à toute forme d’au­to­rité. Il se lais­sera aller, à seize ans, dans les bras de sa profes­seure de lycée, Elisa­beth McPher­son. Mais les filles ne sont pas sa prio­rité, James Dean se laisse faire. Il ne cherche pas des maîtresses, mais bien plutôt des mentors. Ses deux agents seront d’ailleurs des femmes. "Il a une compli­cité sensuelle avec les hommes, mais il n’at­tend rien d’eux, raconte Philippe Besson. En outre dans l’Amé­rique puri­taine des années 50, il décide de ne pas courir de risques. Et ne cherche pas à s’at­ta­cher à ces derniers. Fina­le­ment il regarde les hommes en bais­sant les yeux et les femmes en levant les yeux."

 

Dans Vivre vite, l’écri­vain évoque toute­fois la rela­tion que l’ac­teur a entre­tenu avec l’ap­prenti comé­dien Bill Bast, son colo­ca­taire à Los Angeles. Il raconte aussi son histoire avec le publi­ci­taire Rogers Brackett. Ce dernier a été la victime consen­tante des embal­le­ments d’un James Dean à fleur de peau, qui s’en­flamme puis se lasse très vite des êtres et des choses. Qui partage la vie de la danseuse et comé­dienne Dizzy Sheri­dan pour faire d’elle sa confi­dente.

Plus tard, il livrera à une autre femme,Elizabeth Taylor, quelques uns de ses plus intimes secrets. « Sur le tour­nage de Géant, il lui confiera, comme elle l’écrira dans ses mémoires, avoir été abusé par un pasteur durant son adoles­cence dans l’In­diana. Un homme qui parta­gea aussi avec lui sa passion pour la corrida ou les courses auto­mo­biles », ajoute Philippe Besson. Une femme réus­sit toute­fois à faire vaciller ce cœur réputé cita­delle impre­nable. L’ac­trice Pier Angeli enflamme James Dean. « Au fond, raconte l’au­teur de Vivre vite, il semble avoir eu un vrai élan amou­reux pour la seule qu’il savait ne jamais pouvoir vrai­ment conqué­rir. Cette dernière n'a jamais pu se défaire de l'emprise de sa mère farou­che­ment hostile à leur histoire. » Pier Angeli quitte la star montante d’Hol­ly­wood quelques mois après les prémices de leur aven­ture et se marie avec le chan­teur Vic Damone.

Le comé­dien, soli­taire et pressé, ne s’at­tar­dera jamais sur la passion qu’il suscite chez ses contem­po­rains. Il voit bien ainsi que le jeune Sal Mineo, qui partage l’af­fiche avec lui dans la Fureur de Vivre, puis Géant, est très épris de lui. Le jeune homme n’a que seize ans, mais il est séduit par l’hy­per­sen­si­bi­lité de son parte­naire. « Jimmy ne rete­nait aucune émotion dans ses films, il avait un côté très fémi­nin, mais le fait d’avan­cer masqué dans la vie et sa courte exis­tence n’ont fait qu’ac­croître sa dimen­sion mysté­rieuse », souligne Philippe Besson qui avoue qu’au bout des 238 pages qu'il consacre au person­nage de James Dean, calé entre ombre et lumière, cette légende lui résiste encore. Insai­sis­sable, insou­mis.¤

Crédits photos : getty image

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Dim 19 nov 2017 Aucun commentaire