Le blog gay de Cavaillon et ses amis prostitués
du vrai houellebecq : “Tout immeuble qui héberge ce type d’individus sera fermé, car leur comportement est illégal. Nous sommes un pays musulman, et je n’accepterai jamais de tels individus dans ce pays.”
Cotonou
Dans de nombreux pays d’Afrique noire, une partie de la population continue d’affirmer que l’homosexualité vient de l’Occident. Et, dans ces mêmes
pays, le sentiment homophobe est très largement répandu. Au Cameroun, par exemple, des scandales politico-médiatiques liés à la “question homosexuelle” ont soulevé il y a quelques mois une vague
homophobe sans précédent. Les homosexuels sont ainsi devenus les boucs émissaires d’une société où les valeurs morales sont en perte de vitesse, où les égoïsmes prennent le pas sur les
solidarités ancestrales, où l’argent est roi, quelle que soit la manière dont il est gagné, où la majorité de la population est en proie à d’incommensurables difficultés économiques et sociales.
Désormais, l’homophobie s’affiche au grand jour dans toutes les couches sociales. Pis, les amalgames entre homosexualité, pédophilie, pédérastie, franc-maçonnerie, Rose-Croix, prostitution,
tourisme sexuel et pratiques perverses de toutes sortes se multiplient.
l’immense majorité est violemment homophobe
Dans cette cacophonie, le débat est souvent difficile, voire impossible. Les positions sont manichéennes. Il faut être pour ou contre. Et, pour
l’immense majorité, qui est bien entendu violemment homophobe, l’homosexualité est une inclination contraire aux “traditions africaines”. D’où la résurgence du vieux mythe selon lequel
l’homosexualité aurait été introduite en Afrique par les Occidentaux. Or ce qui est vrai, c’est qu’à leur arrivée sur le continent les premiers explorateurs et les missionnaires considéraient
les pratiques sexuelles africaines comme le comble de la dépravation. Et, sans avoir réalisé la moindre étude sur le sujet, ils affirmèrent que l’homosexualité n’existait pas en Afrique. Des
recherches faites dès le début du XXe siècle ont démontré l’existence de pratiques homosexuelles en Afrique. Malheureusement, aujourd’hui encore, beaucoup continuent de
croire que l’homosexualité n’a jamais existé avant l’arrivée des Européens.
Ainsi, ces affirmations sinon mensongères, du moins hâtives, associées aux deux grands monothéismes dont l’Afrique noire a hérité, l’islam et le
christianisme, déterminent en grande partie la perception que les populations ont actuellement de l’homosexualité. Mieux, dans la quasi-totalité des pays francophones, nous avons aussi en
héritage le Code napoléonien, qui interdit l’homosexualité. Et, lorsqu’on sait qu’en Afrique noire l’univers de la sexualité est entouré de tabous, alors on comprend les controverses que peuvent
susciter ces questions. On oublie trop souvent que, pour tous les êtres humains, la construction de l’identité sexuelle est un processus complexe qui intègre des facteurs psychologiques,
sociologiques et culturels.
De plus, des études récentes, réalisées notamment au Cameroun*, montrent que l’homosexualité est et a toujours été de toutes les cultures. Seule sa
perception sociale, sa désignation, son interprétation… bref, sa conceptualisation changent, en fonction des univers sociaux. Et l’histoire de l’homosexualité en Afrique noire démontre non
seulement son existence, mais aussi son enracinement à travers quatre grands piliers de certaines traditions africaines.
Le premier pilier concerne l’homosexualité liée aux classes d’âge et aux jeux érotiques. Il existait par exemple chez les Bafia du sud du Cameroun,
où l’on considérait autrefois que les garçons devaient franchir trois étapes pour bénéficier d’une bonne croissance. Au cours de la première étape, tous les garçons âgés de 6 à 15 ans vivaient
entre eux, à l’écart des jeunes filles. D’où une très grande promiscuité, qui amenait nombre d’adolescents à avoir parfois des relations sexuelles avec les plus jeunes d’entre eux.
Le deuxième pilier concerne les rites initiatiques, qui comportaient parfois des pratiques homosexuelles. Ces rites servaient soit à resserrer les
liens au sein du groupe, soit à initier les hommes à l’art de la guerre, ou encore à permettre le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Dans le sud et le centre du Cameroun, deux rites
ancestraux, le Mevungu chez les Beti et le Ko’o – l’escargot – chez les Bassa, sont des cérémonies initiatiques qui comprenaient notamment des attouchements à caractère homosexuel entre femmes.
Le Mevungu, par exemple, est un rite exclusivement féminin, dans lequel les initiées ménopausées jouent le rôle masculin. Ce rite n’était pratiqué que lorsque le gibier était rare en forêt ou
encore en cas de mauvaise récolte. En revanche, chez les Fang du Gabon, du Cameroun et de Guinée-Equatoriale, les relations homosexuelles étaient considérées comme le meilleur moyen de devenir
riche.
Le troisième pilier concerne les pratiques homosexuelles en l’absence d’hommes ou de femmes. Chez les Azande du sud-ouest du Soudan, au sein des
foyers polygames, les relations homosexuelles entre femmes n’étaient pas rares. Tout comme en république démocratique du Congo, où dans les foyers polygames des femmes nkundo les pratiques
homosexuelles existaient parfois entre coépouses qui disaient ne pas être satisfaites par leurs maris. En Afrique australe, lorsqu’elles étaient mariées, les jeunes femmes herero expliquaient
également leurs pratiques homosexuelles, désignées par le terme epang, par l’insatisfaction à laquelle elles étaient confrontées dans leurs foyers.
Obligés de mener deux vies parallèles
Enfin, le dernier pilier, qui ne doit pas être confondu avec les trois autres, concerne l’homosexualité identitaire. Il s’agit exclusivement
d’hommes ou de femmes qui préfèrent avoir des relations avec des personnes du même sexe. Dans le sud de l’actuelle Zambie, par exemple, ces personnes étaient appelées mwaami dans la langue
ila.
Et, si certaines langues africaines offrent un vide conceptuel et linguistique au sujet de l’homosexualité, d’autres permettent en revanche
d’appréhender cette notion de façon très précise. On peut donc affirmer, sans risque de se tromper, que l’homosexualité est pratiquée en Afrique depuis la nuit des temps. Malheureusement,
beaucoup continuent de nier cette évidence, obligeant ainsi la quasi-totalité des homosexuels à vivre cachés et dans des milieux fermés.
Afin de ne pas éveiller les soupçons, ils mènent bien souvent une double vie : femme et enfants à la maison en guise de couverture – au
Cameroun, on appelle ça le nfinga – et relations homosexuelles en cachette. Si l’on ajoute à tout cela les dispositions du Code pénal interdisant l’homosexualité, alors on comprend pourquoi la
majorité d’entre eux ne rêvent que d’exil. D’ailleurs, le véritable mythe, c’est de croire que les dispositions légales qui interdisent l’homosexualité sont une résultante des traditions
africaines. Il ne s’agit là que d’un banal héritage colonial.
* Charles Gueboguo, La Question homosexuelle en Afrique (éd. L’Harmattan, 2006, 190 p., 17 euros).
Christian Eboulé Menaces en GambieSelon The Daily Observer de Banjul, lors d’un discours tenu le 18 mai, le président de la Gambie Yahya Jammeh a donné “vingt-quatre heures” aux homosexuels pour quitter le pays. “Tout hôtel qui héberge ce type d’individus sera fermé, car leur comportement est illégal. Nous sommes un pays musulman, et je n’accepterai jamais de tels individus dans ce pays.”
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