Le blog gay de Cavaillon et ses amis prostitués

discrimination : le sport a été longtemps un milieu qui rejetait les homosexuels  et il en reste quelque chose aujourd'hui 

 

   FEMME ACTUELLE le 7 septembre 2015 TF1 Amélie Cordonnier 2015

 

Il s’appelle Gareth Thomas. Derrière ce nom se cache un rugbyman de 43 ans, aussi viril que talentueux. L’ancien joueur du Stade Toulousain de 2004 à 2007 et l’ex capitaine de l’équipe du XV de pays Galles, mais aussi l’un des premiers athlètes de niveau international dans un sport collectif à faire son coming-out.

 Gareth Thomas a révélé son homosexualité en 2009 dans un entretien au quotidien "Daily Mail". A l’occasion de la sortie en français de son livre autobiographique « Fier » (éd. Michel Lafon), il est longuement revenu sur son homosexualité,  lors de l’émission Sept à Huit, sur TF1. Un témoignage aussi courageux que poignant dont voici quelques morceaux choisis.

Derrière la gloire, la honte

Gareth Thomas a su très vite qu’il était homosexuel.  « J'ai compris que j'étais homo quand j'étais à l'école, vers l'âge de 14 ans, au moment où mes camarades commençaient à parler des filles. Du coup, je ne me suis plus intéressé qu'au rugby, pour ne pas qu'on découvre que j'étais différent", a révélé l’ex Dragon Rouge. Il a enchaîné les victoires, mais connu l’enfer, la honte et la solitude, au point d’avoir envie de mourir. « J'ai gagné beaucoup de trophées, j'ai joué dans les plus grandes équipes, mais j'ai gâché cette partie de ma vie. J'ai même voulu me suicider tellement j'avais honte ».

Le mensonge et la solitude

Gareth Thomas a peur. « Peur qu’on ne retienne que ça », peur d’être exclu de l’équipe, alors il ment durant de nombreuses années. Au point d’avoir la sensation de vivre plusieurs existences : « J'étais un homme avec deux visages : celui du rugbyman, dur et fort, et celui de l'homme, seul et triste.  (…) J’ai eu mes premières expériences dans les bars et les clubs gay. J’ai vu la tristesse et la solitude de ces hommes qui vont dans ces bars pour assouvir leur pulsion sexuelle et ensuite retourner à leur vie sexuelle et professionnelle ».

Les insultes

Pas facile d’être homosexuel quand on pratique le rugby. «  C’est un sport de matcho, de contact, je crois que c’est un sport assez érotique pour les homosexuels », confie Gareth Thomas.  Au sein de l’équipe, les blagues homophobes fusent. Alors il tente de se blinder. « J’essayais de ne pas réagir quand les gas de mon équipe traitait celui qui ne courait pas assez vite de pédé. » Mais un jour, dans les tribunes d’un stade, face à une énième insulte, il ne se retient plus. « Je suis devenu fou. Et ma réaction a été de lui répondre de façon virile et macho, en le cognant, en le frappant, pour lui prouver que je n’étais pas un pédé comme il disait. » Sur le terrain, comme lors des 3e mi-temps, il décide dissimule son secret et sa fragilité sous les coups de poings.

Il se marie pour se couvrir

Pour cacher son homosexualité, il épouse Jemma une jeune femme, avec qui il reste marié durant neuf ans. « C’était ma couverture », admet-il. Mais cela ne l’a pas empêché de l’aimer sincèrement. « J'ai eu de l'amour pour elle, c'est pour ça que je suis resté ; cette personne merveilleuse m'a tellement apporté. Mais au bout d'un moment, après plusieurs années à fréquenter des clubs gays en cachette, mentir était devenu invivable. Je ne pouvais plus continuer à fuir, je ne pouvais plus lui dire 'je t'aime' en la regardant dans les yeux. J'ai essayé d'avoir des enfants avec elle... Puis, un jour, d'un coup, je l'ai appelée pour lui annoncer que j'étais gay. Elle a fondu en larmes et m'a demandé de le répéter encore et encore, elle ne pouvait pas y croire. Plus tard, elle m'a remercié pour mon honnêteté, parce qu'elle a pu suivre son chemin et refaire sa vie, à 35 ans. Elle ne m’en a pas voulu, même si je lui ai brisé le cœur. »

L’heure de la vérité et du soulagement

L’annonce de la nouvelle à sa femme lui donne le courage de dire la vérité à ses amis, puis à ses coéquipiers et enfin au monde entier.« J'ai aussi dû le dire à deux joueurs de l'équipe du Pays de Galles. Je redoutais une réaction violente, mais ils ont rendu la chose très normale. On a bu une pinte, ils m'ont tapé sur l'épaule et m'ont dit « ne t'inquiète pas, tout est comme avant ». J'ai ensuite reçu un soutien massif, surtout dans mon équipe, c'était presque étouffant. Puis, lors de mon premier match après mon coming-out, à Toulouse, j'étais effrayé. Et je me souviens qu'à l'annonce de la composition des équipes au micro, les tribunes ont hué chaque nom des joueurs de Cardiff... sauf le mien. C'était un jour fantastique, un commencement pour moi. Je pouvais enfin être ouvertement gay dans le monde du rugby. »

Aujourd’hui Gareth Thomas se dit "l'homme le plus heureux de la planète". Il vit à visage découvert et ne regrette rien. Il n'a plus peur et ose même s’afficher dans les magazines gay, avec son compagnon. « Etre moi sans avoir besoin de me cacher et sans avoir besoin de mentir, c’est une sensation incroyable.” On le comprend.¤

NOTES :En grandissant, il est tombé amoureux de l’acteur Lee Majors, qui incarnait Colt Seavers dans L'Homme qui tombe à pic. Accepter une  homosexualité qui faisait barrière à son ambition fut un long et dur combat pour Gareth Thomas.
Conscient de sa "différence" dès 14 ans Il a pris vraiment  conscience de son homosexualité vers l'âge de 17, 18 ans, peu après avoir rencontré Jemma, sa future épouse. Une fois que Gareth prit conscience de sa différence sexuelle, il ressentit le besoin de cacher ses vrais sentiments à ses proches. Il se disait que le rugby n’était pas prêt pour quelqu’un comme lui. Il voulait être quelqu’un de discret. Cela lui mettait une pression constante en plus.  Pour tromper les apparences, il a même épousé Jemma en 2002.

En 2006, Gareth fait deux tentatives de suicide, une après la troisième fausse couche de Jemma, dans la piscine de sa résidence toulousaine, alcoolisé au dernier degré, et une après le départ définitif de celle-ci une fois qu’il lui a annoncé son homosexualité fin 2006, sur la falaise d'une côte galloise où, durant vingt minutes il a pensé sauter.

Après un match catastrophique contre l’Australie au Millenium Stadium en novembre 2006, où Gareth était au plus bas de sa forme, son ancien assistant-sélectionneur, Scott Johnson, lui demanda de lui expliquer ce qui n’allait pas. Gareth redoutait ce moment depuis longtemps, mais il lui délivra son secret. Johnson prit alors les choses en mains et mis deux autres joueurs au courant: Stephen Jones et Martyn Williams. Gareth Thomas a ensuite dévoilé ses penchants à ses coéquipiers des Cardiff Blues, sans que cela ne pose le moindre problème.

Par la suite, en décembre 2009, Gareth décida de faire officiellement son coming-out et il le fit dans le Daily Mail avec l’aide de son ami et directeur commercial Emanuele Palladino.

Le 19 décembre 2009, après la parution de son interview dans laquelle il annonçait son homosexualité, Gareth jouait avec les Cardiff Blues contre Toulouse, son ancien club. Il reçut le soutien de toute son équipe. Et, arrivé sur la pelouse du Stadium de Toulouse, à l’annonce de son nom, au lieu de se faire huer par les 30 000 spectateurs toulousains comme ses coéquipiers, il fut gratifié d’une standing ovation.

Il a reçu de nombreux messages de remerciements, d'anonymes mais aussi de sportifs de premier plan. Le nageur australien Daniel Kowalski et le plongeur anglais Tom Daley lui ont demandé conseil avant leur propre coming out.¤

 

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Dim 19 nov 2017 Aucun commentaire