Le blog gay de Cavaillon et ses amis prostitués
une histoire aussi belle que le secret de Brokeback mountain, mais elle est vraie
image du net rien d'exhib entre VALERY ET SERGUEI toutefois
Dans un village perdu près d’Ochmyansk, dans l’oblast* de Grodnensk en Biélorussie, un couple de conducteurs de tracteurs gays vit heureux. Alena Soïko, du journal en ligne Colta.ru a recueilli leur histoire qu'on n'attendrait pas dans la Russie de Poutine !
Note à l’attention du lecteur : Cette histoire, qui peut vous paraître incroyable (c’est ce qu’il nous a semblé à nous aussi au début), est pourtant tout à fait véridique. Les noms des personnages et du lieu de leur résidence n’ont pas été changés (le village, sur leur demande, n’est désigné que par la première lettre de son nom, mais l’oblast* est indiqué tel quel).
* oblast*-> division administrative russe dont je n'ai pas pu établir l'équivalent en français
Avertissement de la rédaction : Cet article est déconseillé aux moins de 18 ans. [mais comme d'hab cavaillongay recommande ce qui est interdit ! ]
Valery Sidorenko (35 ans) et Sergueï Ostaptchouk (33 ans)
Valery : Eh bien, je suis moi-même originaire de ce village où je vis aujourd’hui : B****. Je suis allé à l’école mais j’étais mauvais élève, je suis resté travailler ensuite dans notre kolkhoze : j’ai terminé ma formation au bahut technique du coin. Sergueï est arrivé chez nous quand j’étais en classe de neuvième (équivalent de la troisième, ndlr), il était genre deux classes en-dessous. Tout petit.
Sergueï : Nous vivions avant ça dans le village voisin, après mes parents ont obtenu un logement et nous avons déménagé ici.
Valery : Bon, à l’école comme à l’école. Alors, on se connaissait bien sûr mais on n’était pas dans les mêmes bandes. Même quand moi j’étais en onzième et lui en 9ème, on ne se parlait pas. Pour les soirées discothèque de l’école, évidemment, tout le monde allait aux mêmes mais nous ne traînions pas avec les plus jeunes.
*Nous nous sommes rapprochés quand nous avons commencé à travailler ensemble dans le même kolkhoze
Sergueï : Nous nous sommes rapprochés quand nous avons commencé à travailler ensemble dans le même kolkhoze. D’autant que nous vivions l’un en face de l’autre. C’est comme ça qu’on nous avait donné les logements. Et bon, nous étions amis comme ça, en bons voisins. Lui avait une femme et des enfants, moi j’avais une femme et des enfants. C’était, genre, un mec normal, en plus, nos femmes étaient copines, les gamins allaient dans le même jardin d’enfants. On fêtait ensemble les anniversaires. Comme tous les voisins, en gros.
Valery : J’ai rencontré Iana dès après l’école. Elle ne me plaisait pas plus que ça. Non, c’était une fille bien mais me marier, je ne voulais pas trop. Sauf qu’elle est tombée enceinte. Elle arrive, elle dit : « c’est le tien ! ». Ma mère était dans tous ses états. Il faut te marier, elle crie. Je me suis marié. Bon et puis, il s’est trouvé que le deuxième enfant a été lancé au bout de deux ans. Une bonne femme "de chez bonne femme". On ne se faisait pas de mamours. Le romantisme, là, tout ça… Bon, coucher avec elle au début, c’était bien. C’est après qu’ont commencé les problèmes avec ça. Le reste – qu’est-ce que je peux dire, elle cuisinait, elle lavait le linge, surveillait les enfants, elle ne me prenait pas particulièrement la tête, elle m’autorisait à boire dans une certaine mesure. C’était pas la mégère de Sergueï : pour 2 petits verres de trop, elle pouvait piquer de ces crises de nerfs, hystéro comme ça. Celle-ci, alors, elle nous en a refilé des hémorroïdes ! -"Sergueï, ne le prends pas mal !", il se vexe toujours sur cette histoire, mais je lui ai dit et je lui dirai qu’il s’est choisi pour bonne femme une putain de tarée, plus tarée y a pas. La mienne, quand je faisais la fête, elle n’aimait pas. Là oui, elle se fâchait. Pour le reste elle était calme, compréhensive.
Sergueï : Mais toi, tu veux quoi aussi ? une femme vit sa vie tranquille et un jour elle regarde dans la salle de bains et nous y voit. La tienne aussi, elle a tout appris, mais elle n’a pas eu ce choc. C’est plus simple pour elle. Ma Katya, elle a pété un plomb, mais ça se comprend. Même si elle était nerveuse, oui. Mais là, elle aurait pu carrément nous enfermer et foutre le feu. Alors ne raconte pas trop de saloperies sur elle. En général, je gueule peu mais quand il commence à s’en prendre à Katya, c’est dur pour moi.
Valery : C’est un sensible.
Sergueï : Va te faire foutre, Valera !
Valery : Mais putain, même pour moi c’est difficile d’expliquer sans dire de la merde. Vous avez de ces questions, vous aussi, [les journalistes], forcément. Chez les bonshommes, tout est plus simple dans cette affaire : elle [la bite] est debout, ça veut dire quelque chose, à quoi bon se raconter des conneries ? Tout est clair, pas vrai ? Tu ne te dis pas que t’es malade. Ce serait pas bien logique. C’est comme ça, avec la queue. J’ai déjà dit qu’avec Iana, la baise, c’était bien. Mais ensuite, j’ai arrêté d’être chargé bandé ? . Des maîtresses, j’en ai toujours eu beaucoup, mais même là tout ne collait pas. De plus, j’ai toujours voulu tout essayer, bon, le sexe anal. Mais toutes mes gonzesses considéraient ça comme une espèce de perversion. Ma femme, j’ai souvent tenté de la brancher là-dessus. Elle aimait se moquer après, elle disait comme ça que j’étais pédé. Mais et quoi ? Le sexe, c’est le sexe. Elle aurait cédé, peut-être, je n’aurais pas filé[été cherché ailleurs] . Bien que tout ce manège, ça a troublé Serioja [diminutif de Sergueï, ndlr]. C’est lui qui m’a coincé dans la cour un soir de beuverie. Bon, je ne l’ai pas repoussé à ce moment-là. Ensuite, je me suis dit, putain, qu’est-ce que c’est que ce mec qui m’a serré et embrassé. J’ai halluciné grave mais je comprenais que, bordel ! ça ne me dégoûtait pas, j’avais pas la nausée de toutes ces idées et ces sensations, c’était même agréable.
*Je n’ai jamais été particulièrement attiré par les filles
Sergueï : Le corps masculin m’a toujours plu davantage. C’est maintenant, je me dis comme ça que peut-être, si j’étais né en ville, où il y a des gens comme ça, ça se serait manifesté plus tôt. Mais ici… avec qui pouvais-je en parler ? Ma mère, même si c’était une femme avec du cœur, n’aurait pas compris. Et mon père ? C’était un campagnard grossier typique. Je suis différent. Faites pas attention, là, au fait que je sois machiniste et sans instruction. Je ne suis pas un idiot. Simplement, j’avais la flemme d’étudier. Bon, mais comment vous expliquer ? Je n’ai jamais été particulièrement attiré par les filles. Je me souviens qu’à 13 ans, j’ai été franchement effrayé quand j’ai compris que, par exemple, en cours de gym, quand nous nous changions, ça me plaisait beaucoup d’observer les garçons. Je ne pensais pas du tout au sexe, non. Mais vous savez, quand, bon, je ne sais pas moi, les mecs, en discothèque, aiment faire des blagues vulgaires, du genre :–" quels nibars ou quel cul elle a, cette fille" je comprenais que ça leur plaisait, mais moi c’est comme si je ne captais pas ce qu’il y avait d’amusant là-dedans. Ça me faisait peur. Mais je me disais, tout arrive.
Katia, disons, m’a mis le collier toute seule. Elle était venue ici sur une mission, travailler comme comptable dans notre kolkhoze. Bon, et voilà, nous nous sommes rencontrés. Elle était gentille. Mais je ne ressentais rien de spécial. Le sexe, je ne veux pas en parler. Nous avons des enfants. C’est-à-dire j’assurais avec tout. Mais sans ce truc particulier[qu'est l'amour]. Et puis, le sentiment que le corps des hommes me plaisait plus n’a fait que grandir avec le temps. Mais ici, dans le village, personne ne me plaisait spécialement. À l’école, tous les garçons étaient beaux gosses. Mais pas les hommes adultes. Il y avait seulement Valera [diminutif de Valery, ndlr]. Pour le reste, je me disais comme ça : voilà, je regarde des films, par exemple, bon et là, il y a beaucoup d’hommes beaux. Et oui, ils me plaisaient beaucoup. Je pouvais m’imaginer des tas de choses.
Avec ma femme, je ne couchais pas souvent. Et elle, elle ne se demandait pas s'il y avait un problème. Elle pensait, certainement, que je me fatiguais beaucoup au travail. Ça me convenait. Mais je faisais toujours attention aux hommes. Sauf que vous faites quoi avec ça, ici, au village ? Je faisais simplement semblant de rien.
*Allez, raconte comment tu as fait de moi un pédé
Valery : Bon,Serioja, tu as assez bavassé. Allez, raconte comment tu as fait de moi un pédé.
Sergueï : Je n’ai rien fait de toi. Tu ne m’as pas frappé après ça, que je sache. Bon, en gros, Valera, je l’ai remarqué tout de suite, dès que nous avons commencé à travailler. Et toutes ces années, il était mon plus puissant fantasme. Ici, au village, le premier et le dernier. Bon, il est grand, bien taillé, joyeux. Et à chaque rencontre, je comprenais ce qui se passait chez moi. L’été, là, quand il enlevait son maillot et que je le voyais, je comprenais que ça m’excitait. C’étaient des émotions fortes. Je vous l’ai dit, je n’ai jamais eu envie de Katya. Mais là, je comprenais que tout était clair dans ma tête. Je me retenais. Chaque jour, je me sentais de plus en plus merdique. Je ne jure pas d’habitude, mais comment veux-tu le dire autrement ? Et le trouble grandissait, je n’avais pas le contrôle. Même, à cause de tout ça, je me poivrais. Je chassais tout ça comme je pouvais avec l'alcool. Mais Valera vous l’a dit déjà : si elle se lève[la bite], qu’est-ce que tu veux faire ?
*on le fait maintenant ou jamais
Bref, c’était le jour où les Nepotchilovith, ils habitent à l’entrée du village, ont donné leur fille en mariage. Tout le village a fait la fiesta. J’étais sévèrement cuit et déjà l’idée, c’était ça :[je voulais Valera] rien à battre, en gros, s’il me frappe, je m’en vais et je me pends. Je pensais sérieusement comme ça. Je comprenais que, putain de merde, j’avais 31 ans, et que quelqu’un dont j’avais envie était apparu. J’ai compris comme ça, pour la première fois, ce que c’est qu’avoir envie de quelqu’un. Avant, j’entendais seulement les hommes sans véritablement comprendre de quoi ils parlaient. Mais lui, putain, c’était un homme. Bref, oui, si tout ne s’était pas bien passé, je serais mort, c’est sûr. Et je l’aurais fait, parce que vous comprenez : comment est-ce que j’aurais pu vivre ici après ça ? Bon, je l’ai fait sortir, derrière la maison il y a leur potager et un petit jardin, c’est là que je l’ai emmené. Il était saoul aussi et ne s’inquiétait pas particulièrement de savoir où je le conduisais. Bon, et j’ai attaqué. Il était ivre mais il ne m’a pas repoussé.
Valery : Bon, et nous nous sommes becottés. Ensuite, déjà, je me suis arraché, je lui ai crié genre qu’il était taré et je me suis enfui. Putain, ça sonne vraiment ridicule – un grand garçon comme ça qui s’enfuit. Mais c’est ce que j’ai fait à l’époque.
Sergueï : Mais à ce moment, ça m’a libéré. J’ai compris que lui aussi était tout tendu et qu’il était aussi excité. Je me suis dit, rien à battre de ce qui va se passer ensuite. Dans tous les cas, je n’ai pas eu besoin de me pendre !
Valery : Oui, j’ai pété un putain de plomb à ce moment-là. J’étais saoul, oui, mais je comprenais ce qui se passait. Et ça ne me répugnait pas. Après ça, bien sûr, nous ne parlions pas du tout, bon, on se saluait, mais comme ça – nous ne nous regardions même pas. Tout ça a traîné un mois et demi. Mais souvent, je me souvenais, c’était putain de bon. Ça foutait la trouille : quand je baisais Iana, eh bien, je pensais à lui. Et j’étais tout tiraillé : qu’est-ce que c’est, il s’était décidé et maintenant, il détourne les yeux. Mais c’est quand même lui qui m’a emmené là-bas. Bien que je me disais, peut-être que lui aussi était murgé à mort à bout de nerfs. Mais quand même, putain, il s’est pas bourré la gueule à ce point, pour se prendre à grimper sur un bonhomme. Ça veut dire, je me disais, il a fait ça sciemment, ce pédé de mes deux. Et les fantasmes ça y allait, chez moi, à fond de train. Nous ne nous sommes pas retenus longtemps. En gros, je l’ai appelé tout simplement, le dimanche, pour m’aider à réparer le service d'eau chaude. Les miens étaient justement partis chez la belle-mère. Je me disais, bon, on verra là-bas. Et puis, c’est là que ça s’est passé.
Sergueï : Après, quand nous étions allongés, nous en avons un peu discuté. Je lui ai parlé de mes sentiments – pareil qu’à vous. Il m’a parlé de ses fantasmes. Vous comprenez, c’est pas que chez nous c’était l’amour – nous ne nous tenions pas par la main, au travail nous nous comportions comme il faut, bon, mais oui – nous nous rencontrions régulièrement. Dans sa salle de bains. Mais nous étions bien ensemble. Nous n’avions pas l’intention de vivre ensemble. Mais ma Katya nous a découverts. Dans la salle de bains. Bon, elle était nerveuse et, oui, elle s’est toute répandue en hurlements.
*un outing à la russe !
Évidemment, c’était la putain de merde ! Elle a retrouvé la femme de Valera et l'a dit à tout le monde, l’un après l’autre, que nous étions des pervers. Ensuite, elle a pris les enfants et elle est partie chez sa mère. La femme de Valera a fait pareil. À vrai dire, nous ne savons pas où sont ses enfants maintenant. Où elle est partie ? Aucune idée. Ma femme ne me laisse pas entrer dans la maison de la belle-doche. J’ai essayé d’y aller mais c’est l’hystérie et les larmes.
Valery : La mienne avait certainement un matou amant. Seulement, où est-elle partie ? Aucune idée. Mais même si j’avais su, la situation aurait été la même que pour Serioja. Bon, vu qu’elles se sont arrachées, nous nous sommes dit : qu’est-ce qu’il y a d’autre à faire, nous allons vivre ensemble. De toute façon, tout le monde le sait, qu’est-ce qu’il y a à cacher. Oui et puis il ne nous restait personne à part nous.
*Abandonner les enfants pour une bite ?
Sergeï : Abandonner les enfants pour une bite ? Au final, oui, c’est ce qui s’est passé. Mais l’histoire, c’est que personne ne voulait abandonner personne. Nous aurions vécu comme ça si on ne nous était pas tombé dessus. Il y a bien des couples qui vivent, où le mari a une maîtresse. Bon, seulement là c’était un amant. Si Katya m’avait vu avec une quelconque Macha, vous croyez que ça aurait été un problème ? Mais là, évidemment, c’était le drame. Mais je ne vais pas me mettre à juger. Moi, je ne sais pas ce qui se serait passé avec moi si j’avais vu ma femme avec une autre femme. Bon, et donc quand tout a été révélé, il ne nous est rien resté d’autre que de nous mettre ensemble. Nous sommes restés quand même vraiment tout seuls, en fait.
Valery : Évidemment, il fallait que nous nous mettions ensemble. De toute façon, foutu pour foutu. Nous avions honte. Eh, comment vivre avec un mec et tout ça. On est gays, on n’est pas gays ? Va savoir, bordel ! Avant, je prenais du plaisir quand même avec les gonzesses, lui, c’est clair, il a dit que non, mais moi, c’est différent – j’étais un mec disons " normal"… Mais quoi, le sexe avec un bonhomme t’excite, bon, ça veut dire tu es gay. Et nous vivons bien. En fait, nous avions toujours eu de bons rapports. Qu’est-ce qu’il y a : nous travaillons, nous savons cuisinier, là on vient de terminer des travaux à la maison. Oui, tout va bien. Ça fait déjà deux ans comme ça. Pour les enfants, ça fait mal. Ça oui. Et qu’est-ce qu'il va se passer, va savoir ? Nous ne voulions pas les abandonner. Seulement tout a été révélé – et c’est comme ça que c’est sorti. Bon, c’est pas que nous soyons des amoureux romantiques. Oui, bon, nous voulons coucher l’un avec l’autre. Mais abandonner les enfants et détruire la famille, nous ne le voulions pas. Pourtant, c’est ce qui s’est passé. Vous voyez vous-même. Des scènes que nous ont fait les femmes après tout ça, même pas besoin d’en parler. Elles étaient toutes en pleurs, la mienne a pris les enfants, voilà, elle dit, papa est un pervers et elle leur décrit en détails pourquoi. Je me suis dit, je vais la tuer, la chienne. Pas parce qu’elle ne disait pas la vérité. Non, mais juste, ça sert à quoi de traumatiser les enfants ? Celle de Serioja a carrément hurlé, au point de se demander s’il n’avait pas rêvé toute sa vie de violer son fils. En gros, c’était le bordel pour nous, la vraie merde.
Sergueï : Et maintenant, qu’est-ce que tu veux dire – je n’ai pas plus cher que lui. On n’a pas toutes les conneries romantiques, là. Passé l’âge. Mais je l’aime. Et pourquoi je ne l’aimerais pas. Il est ma famille.
* Qui aurait prédit ...?
Valery : Y a de quoi devenir taré, celui qui m’aurait dit que ce serait comme ça, je l’aurais frappé, ou je sais pas, pour qu’il ne raconte pas des putain de conneries. Et nous voilà.
Et le village ? Le village a accepté. Bon, accepté, c’est-à-dire… Si vous voulez savoir si on nous a humiliés, alors non, on n’a rien eu de tel ici. Et qui va nous humilier ? C’est un village mort ici, il n’y a que des retraités. Pour nos mamies locales, évidemment, c’était étrange : elles soupiraient, poussaient des oh-là-là et elles aimaient geindre un peu : « qu’est-ce que c’est que ça, Valera, il paraît que vous vivez maintenant avec un homme ? ». Ensuite déjà, ils ont dit que, bon, ça va, ils ont fait des enfants, pour les bonnes femmes quand même c’est important, les enfants, là, les petits-enfants tout ça. Bon, et on a fait ce qu’il fallait, et maintenant, c’est rien – on peut pardonner et merde !
Sergueï : Mais sur le moment, quand c’était tout chaud, on a tout eu. Quand ma femme nous est tombée dessus, elle a couru tout le village et fait du scandale. Mais ensuite, tout s’est à peu près arrangé. Ici, les gens ont assez de problèmes : la vache est tombée malade, les enfants ne mangent pas, les retraites ne sont pas versées, tout augmente. Personne ne va pas pester contre nous en permanence.
Valery : Ils s’en battent tous les couilles, maintenant, en gros. Les gars au boulot – on peut leur régler leur compte. Bon, ils ont demandé, bien sûr, qu’est-ce que c’est que cette merde que vous avez balancée, les gars ? Mais nous avons dit tout de suite que nous n’allions discuter de ça avec personne, c’est pas leur affaire. Et s’il y a des problèmes – alors il faut encore savoir qui va la mettre à qui. Personne ne nous a jamais attendus sous les porches. Mais, si nécessaire, nous ne sommes pas des lopettes, vous nous avez vu vous-même.
Sergueï : Nous ne nous sommes même pas inquiétés pour le travail. Notre chef, c’est pas un agité. Il a un seul tracteur pour tout le kolkhoze, là c’est l’automne, il n’y a pas d’arracheuse, rien pour ramasser les patates. On lui bouffe en permanence le cerveau dans le district. Lui, il s’en tape, en fait. La mienne, là, quand elle a pété un plomb, elle a couru chez lui aussi, genre, aidez-moi, faites quelque chose. Bon, pour qu’il menace, qu’il influe. Mais lui, il a quoi à y voir ? C’est quand même pas ma Katya qui s’assoit sur le tracteur. Un mec pratique, en gros.
*Je ne crois pas en Dieu. Serioja non plus.
Valery : Ah, oui. Il y avait encore une tarée. Direct, quand elle nous a vus, elle a commencé de se signer, elle hurlait la prière de toute sa voix, dans toute la rue. Et chez nous, ici, comme dans tous les villages, toutes les bonnes femmes sont assises dehors dans les échoppes, elles regardent. Et elle, elle s’applique, hein : bon, que du cirque, quoi. Une dingue, elle a toujours été comme ça. Mais elle n’est plus là maintenant. C’est même nous qui lui avons creusé sa tombe. Bon, il n’y a pas de quoi s’offenser. Une malade complète. Ah-ah oui, bon mais ça c’est carrément le gag : un prêtre est venu depuis le district. Il faut sanctifier la maison, qu’il dit. Et vous, il dit, vous devez aller à l’église. Dieu n’est pas en vous, il dit quelque chose à propos de Satan. Je ne voulais quand même pas être grossier. Mais il m’a cassé les couilles. Serioja, il est plus calme, mais moi, non, il m’a gonflé, je l’ai envoyé se faire foutre et j’ai dit que s’il réapparaissait encore une fois sur le seuil, je lui mettrai direct sur la gueule. Je ne crois pas en Dieu. Serioja non plus.
Il n’y a jamais rien eu comme ça, si je déteste les gays ? Je sais pas, moi, je m’en fous de qui couche avec qui. S’il y a de la violence et qu’on s’attaque aux enfants qui ne comprennent encore rien, pour ça oui, on peut fusiller. Mais d’ailleurs, des gays, je n’en ai même jamais vus. C’est vrai, viennent parfois ici, chez les mamies, les petits-enfants. Bon, et oui, souvent tu ne comprends même pas, de dos, si la personne est un garçon ou une fille. Habillés tous pareils, vous savez, des habits moulants, et des couleurs bizarres. Ça, ça ne me plaît pas, à moi, quand un bonhomme ressemble à une bonne femme. Ça oui, c’est un peu de la saloperie. Mais le sexe, c’est l’affaire de deux personnes.
image du net pour illustrer "ce qui se passe dans ma chambre c'est mon affaire" et ça le fait, non ?Je ne ressemble pas à une bonne femme et c’est bien. Et ce qu’il se passe dans ma chambre, c’est mon affaire et ça ne concerne personne. Je parle bien, non ? Seulement quand même je vous le raconte à vous, c’est-à-dire c’est déjà plus personnel… Mais vous avez insisté, vous m’avez traqué, on ne se débarrasse pas de vous comme ça. Non non, le prenez pas mal :[j'ai accepté] si je n'avais pas voulu, je n’aurais pas parlé.
LES PHOTOS SONT DU NET
____________________________________________________________________________________________________
BISEX->La Russie a aussi son brokeback...(toundra au lieu de mountain ) Bien malgré eux Sergueï et Valery ont été abandonnés par leurs femmes homophobes et vivent ensemble. Un mal pour un bien.
______________________________________________________________________________________________________
commentaires : "Poutine a dit un jour qu'il n'y avait pas d'homosexuels en Russie et il pratique une répression combattue par tout l'occident"Dodo-la-praline
"les pays arabes sont terribles pour les homos. Allah ne leur pardonnera jamais et là, la communauté villageoise réagit bien...c'est vrai que s'ils les bannissaient qui conduirait le tracteur ? -lol-" Dodo-la-praline
"leurs femmes auraient pu tolérer leur (petit) bonheur et ne pas faire de leurs enfants des orphelins de pères" Justine
COURRIER DU BLOG / claudemodou@gmail.com