Le blog gay de Cavaillon et ses amis prostitués

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Le beurre, l'argent du beurre et le cul de la crémière

cevieuxjpdu18: “ va falloir que, j’aille faire les courses plus souvent…. ”

 le cul de la crémière pluggé comme il sied...la seule qui ait des couilles...-lol- 

par Annie Lasorne, blog de médiapart

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foutez la paix à ma grand-mère hein !  

                      

L'histoire des (jolies) colonies de vacances et de l'exploitation honteuse de ses animateurs, illustrée par le billet déchirant d'une maman : Nathalie Baldaccini Les jolies colonies n'existent plus le 30 Juillet et par l'article de : Mathieu Magnaudeix Les «colos» forcées de revoir leur modèle?  m'a fait réagir.

 

Ce problème d'animateurs rémunérés 3h/jour au Smic pour en exécuter en réalité 24h par jour !!! est emblématique de deux mondes, deux époques, qui se télescopent et très violament. C'est un probléme idéologique, philosophique et profondément politique.

Il concerne bien évidement la dérive du droit du travail, mais aussi, ce qu'est un travail et ce que représente le "bénévolat".

Il concerne également ce que sont des entreprises sociales, coopératives, associatives, issues d'un système solidaire et ce que sont des entreprises libérales, issues d'un système capitaliste.

Après la dernière guerre mondiale, à l'aube des années 50 - lorsque je suis née - suite aux réflexions de la résistance et du CNR, eux même issus des idéaux humanistes et des luttes de 1936 et de toutes les luttes ouvrières qui les avaient précédées, sont nés des organisations sociales (ouvrières, et de gauche, ne l'oubliont pas !) basées sur des philosophie de solidarité. Nous avons ainsi bénéficié de la sécurité sociale, des mutuelles, des retraites, des congés payés, du droit du travail, de l'éducation pour tous, des loisirs et de la culture pour tous, de l'accession à la propriété démocratisée, du droit au logement ...

Moi même, française, issue d'une longue lignée de paysans devenus ouvriers (communistes et laiques chez moi, mais il y avait la même chose chez les cathos) émigrants de la campagne à la ville. Enfant du baby-boom, j'ai bénéficié de ces fameuses colonies de vacances de l'âge de 4 ans à 15 ans. Je suis allée en colonies maternelles jusqu'aux camps d'ado, en France et à l'étranger, mais aussi en centres aérés tout au long de l'année, un jour par semaine, le jeudi alors. Je m'y suis non seulement aérée, mais j'ai aussi fait du sport, appris un répertoire de chansons que je chante encore à mes petits enfants, mais aussi cultivée. J'y ai vu tous les grands classique du cinéma les jeudis pluvieux, je suis allée au théâtre (TNP Villar...). Ma mère caissière dans un grand magasin a bénéficié d'aides sociales et de son comité d'entreprise. J'ai eu le choix de mes études, j'ai bénéficié de bourses. J'ai eu accès aux bibliothèques, aux maisons de la culture (merci Malraux), maison pour tous, maison de quartiers, aide aux devoirs, visite des musées, conservatoires de musique, cours du soir gratuits. A l'école maternelle, j'ai eu un verre de lait quotidien, un suivi médical (poux, pesée, mesures, vaccinations, avec une infirmière dans chaque école...). J'ai bénéficié des dispensaires, des HLM, des premières salle de bains. Des amis de mes parents ont construit leur propre maison dans des mouvements coopératifs comme "les castords" s'aidant les uns les autres à moindre coût. A 16 ans, j'ai pris tout naturellement le relais, devenant, encore lycéenne, monitrice en centre aéré, puis monitrice de colo, étudiante. J'ai même fait du théâtre dans le bidonville de Nanterre, dont la mémoire est entérrée sous les pieds des traders de la Défense et de l'alphabétisation d'ouvriers magrébins de chez Simca. Au travers de ces activités bénévoles (on ne se posait même pas la question d'un salaire), j'ai fait mon aprentissage politique. Dans des banlieues que l'on appellait "rouges" j'ai cotoyé anars, communistes (de toutes obédiences), socialistes mais tout autant ceux de la JOC (jeunesses ouvrières catholiques, pour les jeunes ignares) dans un joyeux charivari communautaire et solidaire. Tout cela m'a amené naturellement sur les barricades de 68, au féminisme, ses combats (planning familial, Mlac) puis au début des luttes qui se sont internationalisées avec le Vietnam, l'impérialisme Américain, le Chili, l'Argentine... Ce que je ne comprends que maintenant, grâce au recul, à mes lectures de toute une vie et en particulier à Naomi Klein et sa Stratégie du choc !

Oui, il a commencé là, le virage, à l'aube des années 70. Cette parenthèse de la "Sociale", parallèle à celle que les embryons de bourgeois bohèmes ont appelé "enchantée"... Nous avons eu encore 10 ans d'une trainée de comète. Entre d'un côté la montée de la petite bourgeoisie, la consommation à outrance, le rêve de la modernité triomphante et de l'autre, le mouvement hippie, l'amour libre, les communautés, l'anti-nucléaire, le tout rhytmé par la musique, la danse, les drogues qui font oublier et les voyages tout autour de la planète...

Les trentes glorieuses !...

Avant l'avénement des années "Fric" instaurée par l'emblématique Tapie et ses accolytes ! De l'entrepreneur roi et de la libre entreprise reine ! Tatcher, Reagan, Milton Friedman et ses Chicagos boys... Mais aussi l'avénement de la traitrise déchéance de la gauche, la sociale démocratie et la financiarisation du monde. Et pris dans tous ces discours parallèles et contradictoires, nous n'avons rien vu venir, rien compris ! Nous sommes devenus raisonnables, des moutons dociles, saoulés par une télé omniprésente et des guignols ! Cette période a aussi durée 30 ans. Trente ans de ballotage. Et là, maintenant c'est la gueule de bois !

Une maousse gueule de bois !!! Pendant notre ébaudissement, ils nous ont tout pris, tout démoli, tout ratissé, les Raptout ! La finance a pris le pouvoir. Et nous là, le peuple, on se retrouve comme des cons ! En caleçon !

Pour en revenir à mes colonies de vacances et à ma crémière, c'est précisement là que ça ne va plus. Ces belles entreprises sociales de mon enfance, gérées par l'Etat et ses organismes sociaux, grâce à nos côtisations sociales (solidaires), nos comités d'entreprise (là encore, solidaires) étaient dirigées par des semi-bénévoles (solidaires, là aussi) aux convictions laicardes ou religieuses, qui investissaient souvent leurs propres congés-payés par militantisme, dans un souci éducationnel po-pu-laire ! (oui je sais, c'est devenu un gros mot)

Hors, maintenant, ces entreprises, qui n'ont plus rien de sociales, sont dirigées par des libres entrepreneurs capitalistes, qui réclament à cors et à cris, moins d'Etat pour se gaver à loisirs. Ou pire, par des structures institutionnelles qui se piquent de libéralisme et doivent donc être "rentables", surtout pour leurs dirigeants du sommet, aux gros salaires. Les deux entreprises, de concert, exigeant néanmoins de ramasser la galette sociale de nos cotisations et par dessus le marché, que "les moniteurs" soient de braves bénévoles, corvéables à merci, comme du bon vieux temps de la "Sociale"!

Y'a pas un problème, là ?...

C'est ce qui me fais dire qu'ils veulent le beurre, l'argent du beurre et par dessus le marché le cul de la crémière !

Mais, mes cocos ! La crémière vous l'avez assassinée ! Son beurre avec ! Vous l'avez oublié ?

Et c'est ça, à tous les étages ! Les crèches, l'école, les universités, les loisirs, les retraites... Reprendre ma liste des années 50/80 au chapître précédent.

Tiens au chapître nostalgie des loisirs pour tous, allez donc lire la belle histoire de l'origine de la FNAC. C'est édifiant !

Alors faut choisir, entre deux civilisations, pour en construire une troisième (encore en chantier). Mais nous n'en sommes pas encore là ! Pour le moment, nous assistons sidérés, à l'agonie de la seconde. Les funérailles s'annoncent longues et douloureuses !

Fallait pas laisser le loup entrer dans la bergerie !

Mai 68 riots, Paris. Marc Riboud:

 

laissez Mamie et ses sous...venir

 

 

 

Jeu 27 oct 2016 Aucun commentaire