Le blog gay de Cavaillon et ses amis prostitués

« Pas besoin de mesurer le nombre de personnes concernées pour avancer sur la question de l’égalité des droits. »...pas si sûr ...

     « Si peu d’homos, vraiment ? » (Têtu) « On cherche à nous minorer, à nous effacer » (Michel Bozon) 1%, 4%, 10% d'homosexuels en France... qui dit mieux ? (et qui ment ?)     227 019 visites  

 

Dans le cortège de la Marche des fiertés LGBT (Gay Pride), à Paris en 2009 (Titlap/Flickr)
Dans le cortège de la Marche des fiertés LGBT (Gay Pride), à Paris en 2009 (Titlap/Flickr)

Le nombre fait la force, d’où la tendance bien compréhensible des organisations à gonfler leurs troupes. Alors qu’une énorme enquête britannique jette un froid dans la communauté outre-Manche, la question des chiffres français est entourée d’un flou pas très scientifique.

Edith Cresson, alors Première ministre, avançait le taux de 25% d'homosexuels  parmi la population anglaise masculine. Forcément, le chiffre qu’annonce L'Office National des Statistiques(ONS) risque de décevoir les anglophobes-homophobes : à peine plus de 1% des Britanniques se disent homosexuels, et 0,5% bisexuels.

Pour cette enquête effectuée auprès de 450 000 personnes âgées de plus de 16 ans, les chercheurs ont retenu le critère « d’identité sexuelle », c’est-à-dire la manière dont les personnes interrogées se définissent elle-même, jugé le plus pertinent. D’autres études, notamment en France, intègrent aussi l’attirance, les pratiques, l’orientation...

« Si peu d’homos, vraiment ? » se demande Têtu

Les associations de défense des homosexuels et le gouvernement anglais estimaient jusqu’alors que 6% de la population étaient homosexuelle ou bi. Certains allaient jusqu’à 7%...

Stonewall, la principale organisation de défense des gays, a accueilli les résultats de l’ONS avec circonspection. Interrogée par la revue Pink News, Ruth Hunt, directrice-adjointe des relations extérieures s’est félicitée que ce travail, réclamé par les associations, soit enfin publié. Ajoutant cependant :

« Il faut prendre des chiffres avec prudence. C’est la première fois que les gens ont été directement interrogés, nous nous attendons à ce que ces chiffres augmentent. »

En France, dans un article intitulé « Si peu d’homos, vraiment ? » le magazine gay Têtu (partenaire de Rue89) ne cache ni la déception, ni les inquiétudes que lui inspire cette enquête :

« Un parlementaire conservateur, Philip Davies, s’est empressé de dénoncer “une attention démesurée accordée à l’orientation sexuelle dans les questions de diversité, alors que la proportion de personnes concernées n’est pas aussi importante que ce qu’on croit”. »

Tabou sur l’homosexualité... ou sur les chiffres ?

 

Couverture de
Couverture de « Enquête sur la sexualité en France »

En France, la communauté homosexuelle serait bien plus nombreuse... tant que personne n’a démontré le contraire. Le magazine avance le chiffre de « 5% à 10% » d’homosexuels dans notre pays.

La source ? Jérôme Fouquet, directeur-adjoint du département opinions de l’Institut français de l’opinion publique (Ifop), qui obtient ce chiffre en recoupant les données récoltées sur « d’autres études ».

Mais il n’en dit pas plus : en vertu de la « persistance d’un tabou social sur l’homosexualité », il n’y aurait aucun travail comparable à celui mené par l’ONS, affirme le sondeur.

Selon Têtu, « une enquête visant à recenser le nombre d’homosexuels n’a encore jamais été entreprise en France ».

« Dans le micro milieu parisien bac+5... oui, 10% »

Et bien si. L’enquête  « Contexte de la Sexualité en France»(CSF) datant de 2007, menée auprès de 12 364 personnes fait référence, tant par sa méthode que par ses auteurs : Nathalie Bajos (Inserm), Michel Bozon (Ined ),  Nathalie Beltzer (ORS)

Contrairement à l’étude anglaise, le document n’avance pas un chiffre global concernant l’homosexualité -son objet était de guider l’élaboration des politiques de prévention des maladies sexuellement transmissibles.

C’est une bonne illustration du flou sur ce sujet. Les chercheurs choisissent de ne privilégier aucune définition de l’homosexualité, de ne pas trancher entre pratiques, attirance, orientation, etc. Et au critère « d’identité sexuelle » on préfère « l’autodéfinition » : « Les identités, ça n’existe pas », tranche Michel Bozon.

L’enquête CSF a invité les personnes interrogées à situer leur sexualité sur un gradient allant de l’hétérosexualité exclusive à l’homosexualité :

  • 4% des hommes comme des femmes déclarent avoir déjà eu des pratiques sexuelles avec un partenaire du même sexe.

Attention : ça ne fait pas 4% d’homosexuels dans la population, loin de là : beaucoup, par exemple, n’ont connu ces expériences que dans leur adolescence.

Dans le détail, en France :

  • 4,0% des femmes et 4,1% des hommes de 18 à 69 ans déclarent avoir déjà eu des pratiques sexuelles avec un partenaire du même sexe.
  • Parmi les personnes qui rapportent avoir déjà eu des pratiques homosexuelles, 13,4% des femmes et 12,4% des hommes ne rapportent de telles expériences qu’avant l’âge de 18 ans.
  • Seuls 0,3% des femmes et des hommes n’ont eu au cours de leur vie des pratiques sexuelles uniquement avec des personnes du même sexe.
  • 6,2% des femmes et 3,4% des hommes déclarent avoir ressenti de l’attirance pour une personne de même sexe
  • 1% des femmes et 1,6% des hommes ont eu une relation sexuelle avec une personne du même sexe au cours des douze derniers mois.
  • 0,5% des femmes et 1,1% des hommes se définissent comme homosexuels
  • 0,8% des femmes et 1,1% des hommes se disent bisexuels.

C’est vrai qu’à Paris, « dans le micro-milieu des bac+5, entre 40 et 50 ans, on trouve bien entre 10 à 15% d’homosexuels », se moque Nathalie Bajos (Inserm). Ce qui explique que ce taux tout rond continue de circuler comme une vérité révélée dans les rédactions, celle de Rue89 par exemple.

Car à Paris :

  • 6,0% des femmes et 7,5% des hommes habitant dans l’agglomération parisienne déclarent avoir déjà eu des pratiquessexuelles avec une personne de même sexe, contre respectivement 3,2% et 2,9% pour celles et ceux qui habitent dans des communes rurales.
  • Les pourcentages enregistrés dans l’agglomération parisienne atteignent leur maximum chez les femmes de 40-49 ans (8,1%) et chez les hommes de 35-39 ans (6,6%), et plus encore chez les Franciliens de ces âges qui déclarent un niveau d’étude supérieur à Bac+2 (11,4% et 14,6% respectivement), ce qui traduit en partie les parcours sociaux particuliers que doivent emprunter les personnes homo-bisexuelles pour vivre dans des environnements plus tolérants.
« On cherche à nous minorer, à nous effacer »

 

Michel Bozon (La Découverte)
Michel Bozon (La Découverte)

Sur la méthodologie, Michel Bozon explique :

« Il y a toujours un écart énorme entre les personnes qui se définissent comme homosexuelles et celles qui disent avoir des pratiques homosexuelles.

Et il y a encore plus de personnes qui se reconnaissent dans le critère “attirance envers”. On ne s’en tient pas aux chiffres de l’autodéfinition qui sont des chiffres intéressants, mais trop éloignés des pratiques. C’est abstrait. »

Sur la question des chiffres, de ses utilisations et des enjeux :

« En période de mobilisation, les associations, les ONG ont un lien extrêmement lâche et peu rigoureux avec la statistique. Il s’agit de défendre la cause, l’accusation est sous-jacente : “On cherche à nous minorer, nous effacer.”

Il y a des intérêts économiques, de marketing à dire que les homos c’est un groupe bien identifié, avec un pouvoir d’achat, des désirs très particuliers.

Nous, les chercheurs, sommes très mal placés, nous n’avons pas le même point de vue. On sait que ça ne vaut jamais la peine de gonfler ou d’inventer un chiffre. Mais qu’avoir des chiffres rigoureux permet de passer à l’essentiel. »

Quand on aime, on ne compte pas

Bref, il y aurait en France moins de 1% d’homosexuels si l’on retient le critère choisi par les Anglais de l’ONS. Ca fait peu en pourcentage bien sûr, mais rapporté à la population française adulte... On vous laisse calculer.

Nicolas Gougain, porte-parole de l'INTER GLTB cité par Têtu, estime d’ailleurs que « connaître le nombre d’homosexuels en France n’a pas grand intérêt » :

« Pas besoin de mesurer le nombre de personnes concernées pour avancer sur la question de l’égalité des droits. »

Mais c’est justement pour avancer sur la question de l’égalité des droits que les associations anglaises avaient réclamé l’étude menée par l’ONS...

Quand on aime, on ne compte pas... Voila une chute facile pour une polémique franco-française qui se rejoue d’ailleurs sur d’autres terrains d’étude sensibles : les violences faites aux femmes, l’origine ethnique des élèves, des délinquants.

►Correction : Inversion des chiffres entre hommes et femmes pour la déclaration d’attirance sexuelle envers une personne du même sexe. Michel Bozon souligne que c’est un élément important « les femmes acceptant plus facilement de reconnaitre cette attirance »

 

ils étaient vingt et cent ils étaient des milliers....pour

célébrer le mariage homo à Bastille

Par 21 mai 2013 à 22:15 (mis à jour le 22 mai 2013 à 08:39) Des personnes assistent au 'Concert pour tous!' en faveur du mariage homosexuel, le 21 mai 2013 à la Bastille à Paris Des personnes assistent au "Concert pour tous!" en faveur du mariage homosexuel, le 21 mai 2013 à la Bastille à Paris Photo Thomas Samson. AFP Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées ce mardi soir pour célébrer la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels pour une manifestation parisienne festive et gratuite.


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Sam 27 aoû 2016 Aucun commentaire