Le blog gay de Cavaillon et ses amis prostitués
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu'à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.
Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire un affront,
Et saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front.
Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits
On a vu ce que vous êtes ;
Vous serez ce que je suis.
Cependant j'ai quelques charmes
Qui sont assez éclatants
Pour n'avoir pas trop d'alarmes
De ces ravages du temps.
Vous en avez qu'on adore ;
Mais ceux que vous méprisez
Pourraient bien durer encore
Quand ceux-là seront usés.
Ils pourront sauver la gloire
Des yeux qui me semblent doux,
Et dans mille ans faire croire
Ce qu'il me plaira de vous.
Chez cette race nouvelle,
Où j'aurai quelque crédit,
Vous ne passerez pour beau
Qu'autant que moi je l'aurai dit.
Pensez-y, beau marquis.
Quoiqu'un grison fasse effroi,
Il vaut bien qu'on le courtise
Cependant j’ai quelques charmesqui sont assez éclatants
Marquis de La Baise
Pour n’avoir pas trop d’alarmes
De ces ravages du temps.
Vous en avez qu’on adore ;
Mais ceux que vous méprisez
Pourraient bien durer encore
Quand ceux-là seront usés.
Ils pourront sauver la gloire
Des yeux qui me semblent doux,
Et dans mille ans faire croire
Ce qui me plaira de vous.
Chez cette race nouvelle,
Où j’aurai quelque crédit
Vous ne passerez pour
beau
Qu’autant que je l’aurai dit.
Pensez-y, beau Marquis :
Quoi qu’un grison fasse effroi,
Il vaut bien qu’on le courtise
Quand il est fait comme moi.
Pierre Corneille