Le blog gay de Cavaillon et ses amis prostitués
le pied !..
Gay-guerre dans le Football
La Fédération iranienne de football a récemment suspendu deux footballeurs en raison de leur comportement jugé « immoral » lors d’une célébration de but un peu trop tactile. Une décision controversée qui rappelle que le foot reste un sport gangréné par des problèmes d’homophobie, et pas seulement en Iran.
C’est une pincée de fesses qui coûte cher. 500 millions de rials, soit un peu moins de 30 000 euros, c’est le montant de l’amende que vont devoir verser Mohammad Nosrati et Sheys Rezaie en raison d’une célébration de but jugée indécente. Les deux joueurs, coéquipiers au Persépolis Téhéran, sont accusés par le responsable de la commission de discipline de la fédération iranienne, Ismail Hasandeh, d’avoir commis « des actes immoraux ». En cause, le palpage de postérieur un peu osé commis par Mohammad Nosrati, qui a été suspendu pour une durée indéterminée. Même tarif pour le pincé, Sheys Rezaie, coupable lui d’avoir, dans le même match, eu une étreinte trop prononcée avec un troisième joueur à l’occasion d’un nouveau but. Une nouvelle affaire qui rappelle que le football entretient une relation plus qu’orageuse avec l’homosexualité.
Le foot, un sport pas très gay
Le phénomène n’est en effet pas nouveau. A la tête du Paris Foot Gay depuis plus de 10 ans, Pascal Brethes, le chantre de la lutte contre l’homophobie dans le football, a en vu d’autres. C’est d’une voix fatiguée qu’il avoue son désarroi à propos de l’incident iranien, qu’il juge « désespérant » et « symptomatique d’un niveau de tolérance zéro ». Et de préciser, contre toute attente, que la situation n’est guère plus glorieuse en France et en Europe.
Un rapide examen du microcosme footballistique européen tend à appuyer son analyse. Partout, à tous les étages, du simple supporter au dirigeant de club, en passant par les joueurs et les entraîneurs, le football transpire l’homophobie. Cette dernière, selon le sociologue du sport Anthony Mette s’inscrit « aussi bien dans les comportements que dans les mentalités, au niveau amateur comme au niveau professionnel». Partout, l’homosexualité est tour à tour dégradée, niée ou moquée et le pire est, comme le remarque Pascal Brethes, que ces insultes s’inscrivent dans « une insupportable banalité ».
Dans ce contexte, difficile, voire impossible de s’afficher homosexuel. Il faut dire que le seul joueur professionnel à avoir jamais fait son coming-out, un ancien grand espoir anglais du nom de Justin Fashanu, s’est suicidé en 1991 après que son club et sa famille lui aient tourné le dos. En France, le seul joueur homosexuel ouvertement déclaré n’est pas professionnel. Il s’agit de Yohan Lemaire, un ancien pensionnaire du FC Chooz, qui a avoué, dans une autobiographie remarquée, « regretter son coming-out » suite aux discriminations qui ont accompagné sa sortie du placard.
Passivité des politiques, enracinement des mentalités
S’il est difficile de lutter contre l’homophobie dans le football, c’est avant tout selon Pascal Brèthes parce qu’elle est « férocement implantée dans la société». Anthony Mette pointe en avant l’influence de la religion et des ethnies, qui font souvent office de « facteurs aggravants », et du milieu socio-culturel, toujours déterminant. Surplombant cet ensemble, le mythe du héros viril, dont nous avons largement hérité, qui associe sportivité et masculinité, une qualité qui ferait défaut aux « pédés ». En face, peu osent sortir du placard, par peur d’être marginalisés. On obtient ainsi un système incroyablement pervers où, pour vivre heureux, les homosexuels doivent avant tout vivre cachés.
Pour lutter contre l’enracinement des mentalités, Pascal Brethes martèle en permanence le même message : la solution passera forcément par l’éducation. C’est à la source qu’il faut combattre le problème, « car on peut expliquer le respect à un enfant alors qu’il est difficile de faire changer un homophobe convaincu ». Mais le président du PFG regrette de ne pas être soutenu dans sa démarche. S’il se montre relativement clément à l’égard de la ligue de football professionnel, qui met en place quelques manifestations, il tire à boulets rouges sur le ministère des sports, qu’il juge « catastrophique ». Il est rejoint dans ce constat par Anthony Mette, qui qualifie l’évolution institutionnelle sur la question de « compliquée ».
Face à la passivité des politiques, combattre l’homophobie dans le football relève de la guerre larvée. Les succès commencent pourtant à poindre à l’horizon, après plusieurs années de statu quo. Le Paris Foot Gay se félicite d’avoir fait entrer le problème dans l’espace public. Le revirement de situation concernant Louis Nicollin est à ce titre une réussite exemplaire.
S’il admet avoir fait gagner le problème en « visibilité », Pascal Brethes demeure néanmoins circonspect face aux grands défis de demain. Selon lui, « le chemin à parcourir reste immense ». A l’horizon, la coupe du monde au Qatar, un pays pas vraiment gay-friendly. Sepp Blatter, le président de la FIFA, a d’ailleurs publiquement encouragé les homosexuels à ne pas avoir de relations sexuelles pendant la compétition. Iran, Qatar, même combat.
Christophe Gleizes
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