Le blog gay de Cavaillon et ses amis prostitués

et cette canadienne le dit si bien !

"un grand nombre d’artistes, qu’ils soient gay, bi ou de genre fluide, se revendiquent du queer Bowie : Lady Gaga, Mykki Blanco, Perfume Genius, Beth Ditto ou Christine and The Queens…"

David Bowie est mort Homme au look androgyne, David Bowie a fait voler en éclat les stéréotypes sur le genre Publié le 11 janvier 2016 à 17h54 Collaboration Spéciale

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Premier chanteur queer, Bowie s’est affranchi du genre et de ses codes pour se construire des avatars à l’identité sexuelle fluide.

 

Nous sommes le 6 juillet 1972. Sur le plateau de l’émission Top of the Pops, un Bowie en pleine acmé glam rock - coupe mulet rouge, costume sorti tout droit d’Apollo 11, maquillage outrancier - enlace le guitariste Mick Ronson - cheveux longs, blondeur peroxydée. Devant ce Starman à forte teneur homo-érotique, chanté en prime time sur la BBC, l’Angleterre d’Edward Heath s’interroge, ébahie devant tant d’ambiguïté sexuelle : «Tous mes potes de l’école disaient "T’as vu ce type de Top of the Pops ? Quel gros pédé !" se souvient dans Rolling Stone Ian McCulloch, du groupe anglais Echo & The Bunnymen. Je me suis dit "bande d’abrutis"… Je me suis senti tellement plus cool qu’eux.» 

«Il a été libérateur»

Quelques mois plus tôt, le 22 janvier 1972, Bowie avait fait l’un des premiers coming out de l’histoire de la pop culture, dans les colonnes du Melody Maker : «Je suis gay, et je l’ai toujours été, même quand j’étais David Jones.» Avant de botter en touche, plus tard, à longueur d’interviews. Gay, pas gay ? Bi, pas bi ? A-t-il vraiment couché avec Mick Jagger ? Tout comme Marc Bolan de T.Rex, son alter ego glam rock, Bowie jouait avec les frontières du genre et de la sexualité. «Ce qui compte, c’est ce que le public percevait de lui. Et de ce point de vue, il a été libérateur», souligne l’Américain Philip Auslander, auteur de Glam rock, la subversion des genres (La Découverte, 2015). «C’est la première pop star à affirmer son ambiguïté sexuelle et à remettre en cause les normes de genre», dit Benoît Rousseau, programmateur musical à la Gaîté lyrique, à qui on doit le festival Loud and Proud, célébrant musiques et cultures queer. Le tout lors d’une époque cruciale pour les droits LGBT puisque nous sommes au début des années 70, juste après les émeutes de Stonewall, à New York (juin 1969), qui furent suivies, l’année d’après, par la toute première Gay Pride.

Dans ce contexte, le style queer de David Bowie est l’un des symboles essentiels de sa liberté - musicale, sexuelle, et même vestimentaire. En 1971, il pose sur la pochette de The Man Who Sold the World vêtu d’une robe mythique, dessinée par le styliste Michael Fish - en tournée au Texas, le chanteur sera d’ailleurs insulté pour l’avoir portée. Dans The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders From Mars (1972), il chante la ballade d’ouverture Five Years, où l’on trouve ces paroles pour le moins antisystème : «Un flic s’agenouille et embrasse les pieds d’un prêtre / Et un queer vomit en assistant à la scène.»

Un an plus tard, dans l’album Aladdin Sane, il chante The Jean Genie, référence au poète - et homo revendiqué - Jean Genet.

Tube transgenre.

Par ailleurs, même si on a beaucoup écrit sur sa collaboration avec Lou Reed, rappelons qu’elle s’est basée, notamment, sur l’exploration de ces thèmes LGBT : ainsi parurent Transformer, en 1972, et son inoubliable tube transgenre Walk on the Wild Side. En 1979, dans Lodger, dernier album de sa trilogie berlinoise, il chante - avec Klaus Nomi en choriste - Boys Keep Swinging, ironisant sur les codes virils imposés aux garçons et accumulant les sous-entendus homo : «When you’re a boy / Other boys check you out» - «check out» signifiant à la fois «surveiller du coin de l’œil» et «mater».

Ainsi, depuis les années 70, des jeunes gens enfermés dans leur chambre avec leur tourne-disques s’en sont inspirés pour faire leur coming out, comme le raconte, entre autres, le film québécois C.R.A.Z.Y. (2005). «Il a été un modèle pour beaucoup d’adolescents qui ont découvert leur homosexualité ou leur bisexualité», dit Benoît Rousseau. Pas étonnant, à ce titre, qu’un grand nombre d’artistes, qu’ils soient gay, bi ou de genre fluide, se revendiquent du queer Bowie : Lady Gaga, Mykki Blanco, Perfume Genius, Beth Ditto ou Christine and The Queens…

 

Par Johanna Luyssen Fugues

 

 

 

 

Lun 18 jan 2016 Aucun commentaire