Le blog gay de Cavaillon et ses amis prostitués

  par contre, Bertrand ça le perturbe beaucoup...  

  Oui, je critique..   .Beaucoup de jeunes apprennent le sexe sur internet que reprocher vraiment au porno ? L'accès libéré peut-être ?   

  • Après tout c'est un peu vrai que la jouissance masculine revient à une masturbation, et alors ?
  • C'est une légende que la masturbation gêne la sexualité et si des générations de dévôts ont culpabilisé et fait culpabiliser leurs semblables. Bonjour l'ambiance et bonjour les dégâts ! Et voilà qu'aujourd'hui le porno" "c'est pas bien " !...il vaut mieux mourir idiot.  
  • Le porno recule les limites de l'imaginaire au lieu que Bertrand prétend qu'il le réduit
  •  Ce que se reproche Bertrand, ses "erreurs" viennent plutôt de ce qu'on n'apprend jamais assez, qu'on n'est jamais assez attentif alors que lui croit que le porno a déformé sa sexualité. Peuchère !    
  • On peut penser que les jeunes d'aujourd'hui ont une chance d'être moins niais que les générations passées devant le sexe...et même Bertrand, qui s'en défend, a profité du net et du porno interdit par sa famille  
  • Les regrets quand le pot de confiture est à moitié vide, c'est trop tard et bien inutile !     

 

« Plus on regarde de porno, plus on est sur une autre planète  dit Bertrand »

       

Bertrand, 24 ans, nous a contactés à Rue89 après avoir lu une de nos Vie de baise. "Charlotte" y parlait de son mec en disant : « J’ai l’impression qu’il se masturbe en moi plus qu’on ne fait l’amour […], qu’il est plus habitué à se branler dans son coin avec ses magazines et que ça lui allait très bien. » Bertrand s’est reconnu dans ce mec qui a regardé tellement d’images de cul qu’il ne sait plus jouir avec une partenaire en chair et en os.

Dans son mail, Bertrand écrivait :

« Je suis convaincu que cela est dû au porno, sur lequel nous nous sommes appuyés pendant toute notre adolescence pour apprendre, et qui est pourtant très déconnecté de la réalité. »

C’est pour témoigner de « l’impact du porno sur les sensations, sur ce qu’on vit » qu’il nous a écrit.


Marion Cotillard et le coffre-fort dans le rêve, dans « Inception » (2010) de Christopher Nolan

Bertrand a 24 ans, il habite en Asie du Sud-Est, avec sa femme, qui est vietnamienne (conscient des stéréotypes qui traînent, il précise que sa femme vient d’une famille aisée, bien loin du cliché Femme Asiatique Pauvre cherche Homme Blanc Riche).

Il nous a longuement raconté sur Skype sa vie de baise – ou plutôt sa vie de porno : comment le porno a affecté son imaginaire, ses fantasmes et jusqu’à ses réactions physiques. Bien sûr, son histoire est particulière mais elle est à verser au grand dossier : « Que change l’accès presque illimité au porno à nos façons de faire l’amour ? »

Canal+, en douce dans le salon familial

J’ai commencé à me masturber à 13 ans. J’habitais dans un tout petit village, où on n’avait presque pas de connexion Internet.

Le seul accès au porno, c’était Canal+ par satellite et le film du premier samedi du mois. On en parlait entre nous à l’école et un samedi soir, je me suis faufilé dans le salon familial. C’est comme ça que j’ai vu mon premier film porno. Je m’en souviens encore – d’ailleurs je l’ai téléchargé récemment, pour l’avoir dans un coin de mon disque dur, comme une archive.

C’était un film assez hardcore, avec de la sodomie, des gang bangs... C’était assez dérangeant. Devant ces images, la première fois, on se dit : « Ha j’imaginais pas ça comme ça, ils s’embrassent même pas »... On se pose plein de questions : « Mais il met son pénis dans la bouche de la madame, pourquoi, quel est l’intérêt ? »

C’est devant ce film, sur le canapé du salon, que je me suis masturbé pour la première fois. Et j’ai adoré cette sensation. J’ai eu envie de la renouveler le plus souvent possible – un peu comme on écoute en boucle à longueur de journée une musique qu’on aime bien, jusqu’à ce qu’on en ait marre. Sauf que là, j’en avais jamais marre, d’autant que dans mon tout petit village, il n’y avait pas tant d’activités que ça à faire. Je n’avais pas de petite copine ou d’amoureuse parce que les écoles où j’allais étaient toutes petites – on était vraiment isolés – et il y avait surtout des garçons.

« On a envie de se masturber tout le temps »

Après avoir découvert la masturbation, on a envie de le faire tout le temps, dès qu’on a envie de se sentir bien, on se masturbe. On rentre de l’école, on va dans sa chambre, on fait ses devoirs... on s’ennuie et on se masturbe. Et avec le porno, on peut se masturber deux, trois, quatre fois par jour. Certains même peuvent se masturber des dizaines de fois par jour. Et parfois, ça rend accro !

Le porno, c’est devenu comme un rituel. C’était pas souvent, une fois par mois seulement, le premier samedi... Je prenais plein de précautions pour que mes parents ne m’entendent pas. Dans le salon, il y avait un parquet flottant qui grinçait au moindre pas. Je mettais deux paires de chaussettes l’une sur l’autre, pour essayer d’étouffer mes pas, de glisser plutôt que de marcher. Le pire, c’était le bruit de la télé – une vieille télé cathodique – qui s’allume. Quand y a aucun bruit dans la maison, ça résonne dans tout le couloir ! Une fois sur deux, mes parents se réveillaient et je devais glisser de nouveau dans ma chambre. C’est comme ça qu’ils m’ont grillé une ou deux fois. Mais là j’avais 15 ou16 ans, ils n’ont rien dit.

« Plein de positions mais pas de passion »

Ma première relation sexuelle, c’était à 16 ans. Après avoir passé mon bac, je suis parti en Australie pour apprendre l’anglais. J’ai rencontré celle qui est devenue ma femme. Ça n’a pas été un coup de foudre : on a appris à se connaître et au bout de trois mois, on est sortis ensemble. On a couché ensemble le mois suivant, parce que c’était bientôt la fin de notre séjour et qu’on allait devoir se séparer. On habitait dans des familles d’accueil et on était mineurs, du coup on a trouvé un petit motel pourrave, une chambre sans fenêtre sans rien, qui faisait peut-être cinq m2, avec un lit et une douche... et on a fait ça là-bas.

On était tous les deux vierges. C’était plus bizarre qu’autre chose. On a fait plein de positions, plein de pratiques, on s’est mis tout nus, en levrette, en missionnaire, en amazone, en petite cuillère... Il n’y avait pas de passion mais on ne s’en est pas rendu compte. C’est moi qui avais pris le leadership. Je lui disais : « Essaie de te mettre dans cette position-là », et elle faisait ce que je lui disais parce qu’elle n’avait aucune expérience. Elle n’avait même jamais regardé de porno. Alors que moi, dans ma tête, il y avait tous les films que j’avais vus. Et puis je pensais à la performance. Je me disais : « C’est la première fois, il faut gérer, il faut absolument qu’elle jouisse, c’est nécessaire. » Il fallait tambouriner, tambouriner, tambouriner.

Je n’avais pas pris en compte le fait que la première fois d’une fille peut être difficile. Surtout que ma copine n’avait aucune expérience, rien. Elle était au bord des larmes, il y avait un vrai décalage, mais je ne m’en suis aperçu qu’après.

C’était dérangeant. Du n’importe quoi. J’étais dans ma tête. Alors qu’elle, son seul souvenir, c’est la douleur. Elle voulait juste que ça s’arrête.

Relation à distance

J’ai dû rentrer en France pour étudier. Ma copine est restée au Vietnam et on a vécu une relation longue distance pendant cinq ans. On se parlait tous les jours. Mais comme elle n’avait jamais vu de porno, on ne pouvait rien faire, pas de sexe au téléphone... En France, la plupart des femmes ont vu du porno. Elle jamais. Et elle ne se masturbait pas non plus : au Vietnam, les traditions sont différentes et toucher à son corps n’est pas très bien vu. Du coup, on ne pouvait rien faire, pas de sexe au téléphone, rien... Elle ne voyait pas l’intérêt - puisqu’elle ne se masturbait pas, en parler au téléphone n’avait aucun intérêt.

Au bout de deux ans, à 18 ans, j’ai craqué. J’ai voulu coucher avec une amie à moi. Mais au milieu de l’acte, j’ai regretté : je me suis dit que c’était du grand n’importe quoi et j’ai perdu mon érection. J’ai fini par partir en disant « Pardon, excuse-moi ».

C’est à ce moment-là que je me suis dit que même si c’était galère avec ma copine, elle devait être la bonne puisque je n’arrivais pas à coucher avec d’autres filles.

Je suis retourné la voir au Vietnam. Mais deux ans avaient passé, il a fallu qu’on se retrouve, qu’on se re-rencontre. On avait beau se parler tous les jours au téléphone, les gens changent en deux ans.

Au lit, c’était comme la première fois : elle essayait de me satisfaire et je lui disais : « Allez, on fait comme dans les histoires que je t’ai racontées pendant deux ans, mets-toi en levrette » etc. Je ne me suis pas rendu compte. Je n’arrivais pas à jouir.

L’empire des mots-clefs

Pendant les deux ans en France, j’avais eu plein accès à Internet, YouPorn, Pornhub.

Qu’est-ce que je cherchais, comme mots-clefs ? Sodomie, gang bang, bukkake [éjaculation collective d’un groupe d’hommes sur une femme, ndlr]. Ça quand j’étais ado, c’était le Graal des vidéos... Il y aussi les vidéos japonaises. Eux, c’est des tarés, ils font plein, plein de trucs bizarres. C’est du porno de niche : quand j’étais ado, j’en voyais beaucoup tourner sur 4chan – par exemple une où des nénettes s’introduisent des poissons vivants dans le rectum, avec plusieurs hommes autour qui se masturbent sur ses fesses. Et il y aussi une caméra dans son rectum pour qu’on puisse voir les poissons. Ça, ça m’excitait pas.

Et sinon les classiques : plan à trois, lesbien... J’ai aussi vu un peu de zoophilie parce que j’étais curieux et je voulais voir comment ça se faisait avec un cheval. Et j’ai trouvé ça un peu dégueulasse donc j’ai arrêté.

Il y a tellement de choses accessibles sur Internet, même si c’est parfois illégal. Honnêtement, je pense que j’ai tout vu – je voyais plein de trucs passer sur  4chan Il y avait des concours : « Celui qui se masturbe le plus aujourd’hui gagne, huit fois, dix fois »... Je peux tout voir, mais tant que c’est entre adultes. Je n’irai jamais, jamais, voir de pédopornographie.

Le porno gay masculin ? Non... Ça a pu m’arriver de tomber dessus mais je ne le recherche pas.

« Ben non, je ne suis pas gay »

A 18 ans je me posais beaucoup de questions. Je me demandais si j’étais gay. J’ai rencontré un homme sur un tchat, qui voulait juste coucher avec moi. Je me suis dit « OK, pourquoi pas » et j’y suis allé. Quand il a ouvert la porte, j’ai immédiatement regretté, je me suis dit « Ben non, je ne suis pas gay ». Mais je me suis forcé à rester, pour aller jusqu’au bout des choses et vivre ce que je m’étais engagé à vivre.. Je me suis allongé, il m’a embrassé partout et m’a masturbé. J’avais du mal à avoir une érection. Il m’a donné une fellation mais ça ne changeait rien. J’ai fini par me masturber, en fermant les yeux et en pensant à des images porno.

Les escorts

Après mes études, j’ai trouvé un emploi qui m’a permis de beaucoup voyager. Je suis allé dans plein de pays plus ou moins tolérants avec la
prostitution, principalement en Europe, en Amérique du Sud et en Asie. Je
voulais absolument tout essayer, pour voir comment ça se passe « en vrai » : les bordels et leur slogans « toucher, sucer, baiser, 30 euros », les
salons de massage avec pipe et/ou rapport à la fin, les karaokés à la
limite du gang bang, les filles des bars…

Paradoxalement, à chaque fois que je me suis retrouvé seul avec une fille, dans ce genre d’établissement ou à l’hôtel, j’étais mal à l’aise. Soit je me sentais coupable vis-à-vis de la fille, soit je me sentais coupable vis-à-vis de ma copine, et je n’arrivais donc pas à avoir une érection. Pour dire, j’ai même passe une nuit dans un hôtel avec une prostituée sans la toucher une seule fois…

« Ejaculer sur elle comme dans les pornos »

Et j’ai enfin fini par trouver un poste qui m’a permis de venir au Vietnam, pour vivre avec ma copine pour la première fois.

On a commencé à se connaître de plus en plus, à s’aimer de plus en plus et ça a changé. Pourtant au début, je n’arrivais toujours pas à jouir, je devais jouir avec ma main. J’ai finalement réussi à éjaculer pendant les rapports, cela demandait tellement d’énergie et de temps que je préférais éjaculer avec ma main la plupart du temps. Et puis, je voulais absolument éjaculer sur son corps, ou son visage, comme dans les pornos. Je trouvais ça excitant sans savoir vraiment pourquoi.

Mais au fil des mois, ce genre de rapports lasse. Et ma copine était contrariée. Il y a donc eu une « période sèche », où on a arrêté de faire l’amour. J’ai arrêté de me masturber, et c’est là que les sensations sont revenues.

Mais c’est revenu tout seul, avec de la passion, et c’est différent. Là, ce n’est plus une « vie de baise », c’est « faire l’amour ». ça fait six mois que je ressens ça et c’est génial ! Avant, je pouvais durer des heures puisque je n’arrivais pas à jouir naturellement. Maintenant, c’est l’inverse : c’est plutôt 1, 2 ou 3 minutes, et faut que je pense à ma grand-mère à poil pour me calmer.

Aujourd’hui, je regarde beaucoup moins de porno. Je vis avec ma femme, elle peut voir mon écran et je fais attention : je ne vais pas regarder du porno alors que ma femme est là, dans le salon...

Le porno, c’est comme « Inception »

Plus on regarde de porno, plus on est sur une autre planète.

Ma femme, qui n’avait jamais regardé de porno, n’avait aucun fantasme à réaliser. Alors que moi, je n’imaginais pas pouvoir prendre mon pied en missionnaire. Je me disais que c’était nul, que je m’ennuyais. Alors qu’elle trouvait ça génial, puisqu’on faisait l’amour. Et pour elle, c’est déjà génial, on fait l’amour !

Le porno, c’est comme le film « Inception » : ça implante des idées dans la tête qui font que plus on en regarde, plus on se dit « ça, il faut que je le fasse plus tard parce que ça a l’air génial ».

Et plus on en regarde, plus le porno « vanille » [terme désignant le porno conventionnel et soft, nldr] est ennuyeux. Par exemple, la double pénétration, ça ne m’intéressait pas du tout il y a cinq ans ! Mais après avoir regardé plein de vidéos, j’ai eu envie d’essayer, pour voir ce que ça donnait en vrai. Pourtant, pour un homme, physiquement ça n’a aucun intérêt : c’est parce qu’on a regardé toutes ces vidéos qu’on trouve le truc si excitant. Et si en plus on se masturbe en regardant ces vidéos, on se dit « Ça doit être génial puisque je ressens du plaisir en regardant cette vidéo ».

Mais je n’ai jamais imaginé ma femme dans les vidéos porno que je voyais, je n’ai jamais comparé le corps des actrices que je voyais avec celui de ma femme.

Les fantasmes hérités du porno

Les premières fois qu’on s’est rencontrés avec ma femme, je lui ai dit : « Moi je veux un plan à trois ». Alors, dans vos vies de baise, il y a des couples libertins, qui sont partants. Mais je pense que c’est assez différent quand on est avec quelqu’un qui n’a jamais vu de porno. On voit toute la différence, entre moi qui ai vu énormément de porno et ma femme qui veut juste faire l’amour.

On s’est pas mal disputés, d’ailleurs : moi je voulais absolument faire un plan à trois, je voulais absolument essayer la sodomie, qu’elle me fasse une gorge profonde... Elle, elle voulait bien essayer de me faire plaisir, mais elle a ses limites.

Au Vietnam, il y a encore des traditions fortes et une culture du sexe fermée. Dans sa génération, beaucoup de filles préfèrent rester vierges pour l’homme qu’elles vont épouser. Elles regardent peu de porno.

« Je ne pouvais jouir qu’avec ma main »

Je pense que trop se masturber empêche les gens de reconnaître un plaisir sexuel lorsqu’ils sont dans un vrai rapport. Ce qui nous fait jouir, c’est le contact mécanique du pénis et du vagin, avec les réactions physiologiques qui s’ensuivent. Mais si le corps est habitué à un certain type de sensations, et attribue le plaisir seulement à ces sensations ... On ne sait plus ressentir de plaisir autrement.

Au début, je ne ressentais pas de plaisir en faisant l’amour avec ma femme : je ne pouvais jouir qu’avec ma main. Je pouvais être un étalon avec ma femme pendant des heures, je jouissais pas, alors qu’avec ma main, en 5 minutes c’était fini.

Les mecs qui font des concours de masturbation sur Internet, le jour où ils vont avoir de vrais rapports, ils vont vraiment galérer. Parce qu’ils voient du porno tous les jours, ils ont un imaginaire complètement déconnecté de la réalité : ils sont souvent misogynes, ils veulent un plan à trois – ils se disent « tant que je n’ai pas fait de ménage à trois, je ne me mets pas en couple ». Ils sont complètement déconnectés de la réalité. Et c’est hyper dangereux.

« Compliquée mais dorénavant satisfaisante »

Ma dernière relation sexuelle... c’était il y a une semaine. C’était génial. Il y a tellement de plaisir, d’excitation que je jouis très vite – même si je m’arrête, je jouis.

On fait l’amour deux ou trois fois par semaine.

On n’utilise pas de contraception... vu qu’on est mariés, on essaie de développer la famille ! Mais avant, capotes.

Ma sexualité, je dirais qu’elle est... compliquée. Je ne sais pas ce que je veux. Jusqu’à il y a peu, je pensais que je voulais faire un plan à trois, mais je n’avais pas de plaisir. Aujourd’hui, j’ai du plaisir mais je ne sais plus si je veux faire de plan à trois. Compliquée, donc... mais dorénavant satisfaisante.

Le moment du déshabillage... ça dépend. Parfois on a très envie l’un de l’autre et les habits volent aux quatre coins de la chambre. A d’autres moments, on est dans le lit, dans le salon... et ça vient doucement. On se déshabille doucement et on y va, on passe à la casserole !

J’aime beaucoup que ma femme me touche les fesses. C’est assez excitant. Pendant le missionnaire, quand ma femme me touche les fesses, c’est très excitant.

Ce que je préfère, c’est la levrette. C’est une position excitante, qui apporte beaucoup de plaisir. Ce n’est pas une question de soumission de la fille, mais elle m’apporte beaucoup de plaisir, physique ou mental.

Quand je fais l’amour à ma femme, je ne pense à rien d’autre. Je suis entièrement focalisé sur le moment, à chaque fois. Par contre, j’ai eu des automatismes, venus du porno. Dans tous les films, vous retrouvez la même trame : fellation, position 1, position 2, position 3, position 4. Je faisais donc ça tout le temps. On a fait quatre ou cinq positions la première fois, parce que j’avais cet automatisme, enseigné par le porno.

Quelque chose que je ne fais jamais ? Rien. Mes parents m’ont toujours dit qu’il fallait tout essayer au moins une fois. Jusqu’à maintenant j’ai tout aimé – plus ou moins, mais j’ai toujours tout aimé.

« Aujourd’hui, j’exclus le terme “baiser” “

Maintenant, je dis ‘ faire l’amour ’. Autant, il y a six mois, je ne faisais pas la différence : je disais ‘ on baise ’, ‘ on passe à la casserole ’ ou ‘ je te démonte ’, alors qu’aujourd’hui, j’exclus le terme ‘ baiser ’.

Ma femme et moi n’avons pas spécialement de mots érogènes. Elle aime bien que je lui dise des mots un peu vulgaires, comme ‘ bitch ’, ‘ slut ’...

[Je lui dis que j’avais toujours pensé que l’amour des mots cochons était lié à la consommation de porno]

Avant, elle ne le faisait pas du tout. C’est après avoir vécu avec moi. C’est moi, pendant les premiers rapports, qui lui parlait comme ça, tout en tambourinant. Elle trouvait ça plutôt érotique.

[Je suggère l’expression de ‘ porno par procuration ’] Oui, c’est ça : ‘ porno par procuration ’.

On regarde du hentai tous les deux

Maintenant, avec ma femme, on regarde de temps en temps du hentai [mangas et dessins animés pornographiques, ndlr]. Parfois elle est en train de lire un bouquin et moi j’ai envie de passer à la casserole. J’essaie de la motiver mais ça ne prend pas beaucoup. J’ai essayé de mettre du porno à la télé, en me disant que puisque ça me faisait quelque chose, ça la toucherait peut-être aussi. Mais rien, pas du tout. J’étais déçu. Mais une fois où je regardais du hentai sur mon PC, elle est passée par hasard et m’a dit ‘Tu pourrais m’envoyer cette photo ?’ Et la fois où j’ai mis du hentai à la télé, cinq minutes plus tard on était au lit et c’était sauvage.

C’est marrant. Le hentai c’est japonais, les thématiques sont très différentes du porno occidental. Le porno occidental, c’est plutôt le plan à trois, l’éjaculation faciale, la sodomie... Le hentai ça va plus être de l’inceste, du viol, des tentacules qui rentrent dans tous les orifices... C’est vraiment bizarre. Ça ne me plaît pas énormément, mais à ma femme si.

Mon fantasme interdit : aussi lié au porno

La première image qui m’a troublé, c’était mes parents en train de faire l’amour. Je devais avoir 5 ou 6 ans et je suis entré dans leur chambre quand ils étaient en train de faire l’amour. Sur le moment, ça m’a pas particulièrement perturbé. C’est plutôt après, j’y repensais souvent : pourquoi ils étaient tout nus ? Qu’est-ce qu’ils faisaient ? Je n’ai pas posé de questions mais j’ai compris progressivement. Quand j’ai vu du porno, j’ai compris.

Un fantasme interdit... C’est lié au porno, encore une fois. Ce serait d’être plus violent. Je suis de nature plutôt gentille. J’ai vu pas mal de vidéos où un homme prend la tête de la femme et la force à lui faire une fellation... Ca m’excite beaucoup. Mais c’est un fantasme absolument interdit. Je respecte trop ma femme pour ça.

Pas trop de livres et de revues pour nous. Une fois, en regardant dans une poubelle, au lycée. Je rentrais du lycée, en mangeant une glace. Je suis allé vers une poubelle pour jeter l’emballage de ma glace et je suis tombé sur un paquet de magazines pornos. Je les ai pris – ils étaient tout collés, je me suis pas posé de questions, pouah... Je les ai gardé un petit moment. Mais c’était le début d’Internet : la connexion était très très lente mais ça valait quand même mieux que ces magazines.

Je pense que mes parents ont une vie sexuelle très épanouie. Ils sont très ouverts d’esprit, ils discutent de tout et n’importe quoi très facilement. Et plus ils vieillissent, plus ils vont se débrider je pense. Mais c’est le cas d’un peu tout le monde, il me semble.

Je ne parle de sexe qu’avec ma femme (et Rue89 !).

Je regrette... pendant les six premiers mois de notre relation de l’avoir fait à l’arrache. Le fait d’avoir failli coucher avec cette copine. Mais c’est aussi parce que j’ai tellement culpabilisé et que je n’ai pas pu aller jusqu’au bout que je me suis dit qu’elle était peut-être la bonne.

En parler à mes futurs gamins ?

Je ne vais pas aller les voir en leur disant ‘ assieds-toi sur le lit mon coco je vais t’expliquer deux ou trois petites choses ’.

Non, j’attendrai qu’ils viennent me voir. Je vais faire comme mes parents : je vais rester ouvert, répondre à leurs questions de la façon la plus honnête possible. Comme mes parents ont fait ! Quand je leur ai demandé ‘ Pourquoi le monsieur met son pénis dans la bouche de la dame ?’ mes parents m’ont répondu : ‘ Ça s’appelle une fellation, Bertrand. La femme fait ça parce qu’elle souhaite donner du plaisir à l’homme. ’

J’ai compris ce que c’était et c’était aussi simple que ça.

J’essaierai d’être le plus ouvert possible, pour que mes enfants viennent me voir et me posent des questions s’ils s’en posent.

 

 

 

Mar 8 sep 2015 Aucun commentaire