Le blog gay de Cavaillon et ses amis prostitués
Probable que, dans l'esprit de son directeur de recherche : "comment un pédé peut-il prétendre..."
Alan Turing memorial statue in Sackville Park, Manchester & Christof Teuscher son continuateur ->
Au début du mois de juin 1954, on le retrouvera mort, comme Blanche-Neige, après avoir mordu dans une pomme empoisonnée au cyanure… Parmi les
multiples recherches menées par Turing, dont plusieurs continuent d’alimenter de passionnés débats scientifiques, il faut citer une réflexion qu’il mènera dans l’immédiat après-guerre sur les
capacités des machines futures à penser, préfiguration en quelque sorte de ce qui deviendra bien plus tard l’intelligence artificielle. Alan Turing passe l’année académique de 1947 à Cambridge.
Au lieu de publier les principes fondamentaux du calcul computationnel sur lesquels il travaille d’arrache-pied depuis des années, il délaisse mathématiques et technologie pour se consacrer à une
réflexion tout autre touchant à des domaines apparemment fort éloignés de son champ d’action: la neurologie et la physiologie. Il rédige un papier complètement révolutionnaire sur les réseaux de
neurones fondé sur une intuition qui l’habite depuis des années: un système mécanique complexe doit pouvoir présenter des capacités d’apprentissage. En fait, l’ambition qui taraude Turing n’est
pas des moindres: ce dont il rêve, c’est d’être capable de «construire un cerveau», une machine qui aurait assez d’intelligence pour jouer aux échecs…
L’essai de Turing s’intitule Intelligent Machinery, c’est une réflexion fascinante sur différents modèles connexionnistes que l’on appellerait
aujourd’hui les réseaux neuraux. En décrivant des réseaux de neurones artificiels connectés entre eux de manière aléatoire, Turing rédige sans le savoir l’un des premiers manifestes sur
l’intelligence artificielle. Il est même sans doute le tout premier à imaginer la construction d’un cerveau d’ordinateur à partir d’éléments simples, de type neurones, connectés entre eux dans
des réseaux largement aléatoires.
L’idée est extraordinaire, trop sans doute pour l’employeur de Turing du Laboratoire national de physique, Sir Charles Darwin, qui n’a pas la
pointure de son illustre grand-père. Il taxe le travail de Turing de «schoolboy essay» et, sur ce jugement sans appel, «la dissertation d’écolier» disparaît dans un tiroir pour y dormir pendant
près de quinze années.
Mais si aujourd’hui les idées centrées sur les réseaux de neurones de Alan Turing s’offrent un nouveau souffle, c’est grâce en grande partie au
travail d’un autre passionné, Christof Teuscher, 28 ans, étudiant en informatique à l’EPFL. Il se décide malgré la difficulté à reprendre le travail d’Alan Turing là où il l’a laissé, en
l’appronfondissant à la lumière des connaissances scientifiques actuelles. «J’ai tout de suite été fasciné par la pensée de Turing qui voulait créer des machines intelligentes capables
d’apprendre de manière très simple, explique-t-il. Les modèles connexionnistes auxquels se réfère le chercheur anglais, ses “unorganised machines”, représentent un incroyable défi scientifique.
Bien sûr, les réseaux de neurones qu’il invente sont trop simples pour la réalité, mais ils ouvrent un immense champ de réflexion et permettent de multiples possibilités de simulation. En
revanche, son rêve de recourir à une sorte de “recherche génétique” pour organiser ces machines non organisées est, elle, devenue réalité.»
C’est dans ce champ que se lance Christof Teuscher, dégageant des aspects nouveaux sur l’implémentation du hardware, l’analyse de la dynamique
complexe des réseaux, l’hypercomputation et les algorithmes d’apprentissage.
Le travail de diplôme du jeune informaticien, mis sur le web en avril 2000, connaîtra une destinée nettement plus heureuse que la «dissertation
d’écolier» d’Alan Turing. Fait rare, le travail va soulever beaucoup d’intérêt et glaner des prix: le Prix de la fondation Annaheim pour une excellente étude bio-inspirée, le Prix Jean Landry qui
récompense un travail scientifique original et personnel, ainsi que le Prix Asea Brown Bovery. Surtout, ce travail de diplôme va retenir l’attention de deux spécialistes de Turing, Jack Copeland
et Diane Proudfoot, qui encouragent Christof Teuscher à publier un livre sur le sujet. Repartant donc de son travail de diplôme, le jeune homme prolonge son investigation et voit, un an plus
tard, son livre publié par le très prestigieux éditeur scientifique international, Springer. Une belle aventure pour Christof Teuscher qui, à 29 ans maintenant, écrit une thèse sur les machines
intelligentes bio-inspirées au Laboratoire de systèmes logiques de l’EPFL. Un très beau succès personnel aussi pour ce jeune homme qui, il y a dix ans à peine, terminait son apprentissage de
mécanicien en électronique… ...