Le blog gay de Cavaillon et ses amis prostitués
Je vous ai déjà présenté dans ce blog Andrej Koymasky, romancier, scénariste génial de Jean Daniel Cadinot. Le voilà qui décrit les souffrances que l'on éprouve dans la jalousie...
Vous pourrez découvrir toute la bibliothèque gay abondante et variée de Andrej Koymasky en tapant son nom dans les moteurs de recherche...
Il y aura dans la présente histoire une "happy end"...due en partie à une grand-mère extraordinaire. Souhaitons que tous les parents et ascendants aient cette bonté et cette lucidité à l'égard des "petits". A lire l'actualité il y a des progrès, mais il y a encore beaucoup de travail !
Résumé :
Dans cette nouvelle de Andrej Koymasky, en Italie, les héros, Petru et Fane, jeunes immigrés roumains ont atterri dans un gentil hôtel de passe où ils sont employés. Lors de leur arrivée à Milan, ils ont été forcés de se prostituer. Maintenant, privés de relations sexuelles, ils sont amants "par hygiène"et non par amour.
A la suite de vicissitudes familiales, le jeune Mario est devenu le gérant de l'hôtel. Pétru, sans se déclarer, est tombé amoureux de Mario encore mineur. Censé être hétéro Mario est plein d'attentions pour Pétru...ce qui ne prouve rien et sans doute le jeune homme n'est-il pas prêt à "sauter le pas"...pourtant....
Petru et son camarade Fane
Petru, même s'il espérait plus, se contentait de l'affection que Mario ne manquait pas de lui témoigner. Il aimait ce garçon qu'il avait vu grandir, il l'aimait comme un frère, comme un vrai ami, même s'il aurait voulu l'aimer comme un amant.
Mais il prenait grand soin de ne pas le laisser le deviner, car il craignait que si Mario s'en doute avant d'être prêt, leur entente merveilleuse de tous les jours serait ruinée. Souvent, bien qu'il fasse encore de temps en temps l'amour avec Fane, Petru se masturbait, les yeux fermés, en rêvant qu'il était avec Mario.
Puis arriva quelque chose qui inquiéta fort Petru. Il réalisa qu'un de leurs clients habituels, qui venait à chaque fois avec un autre garçon, s'était mis à faire les yeux doux à Mario. Rien de vraiment explicite, mais Petru voyait bien que ce type était "trop" gentil avec Mario et il était de plus en plus sûr de là où il voulait en venir.
Ce qui rendit Petru vraiment anxieux fut l'impression que peu à peu Mario cédait à cette cour assidue, lui aussi devenait de plus en plus gentil avec ce client. Les sourires de plus en plus chaleureux qu'ils échangeaient en se rencontrant, en parlant étaient autant de coups de poignard dans le cœur de Petru.
il monta avec lui à l'étage...
Et quand un jour ce client arriva seul et que Mario ne l'enregistra pas mais demanda à Petru de prendre la réception, qu'il monta avec lui à l'étage... Petru se sentit terriblement triste et jaloux, des larmes coulèrent de ses yeux et il fut incapable de les retenir.
Fane passa par le hall, il remarqua l'expression de son ami et il vit qu'il pleurait.
"Eh, Petru... que t'arrive-t-il ?"
"Rien..."
"Ah oui, et c'est quoi, ces larmes ?" lui demanda-t-il, inquiet.
"Rien, j'ai pris quelque chose dans l'œil, c'est tout..."
"Dans les deux yeux ?" lui demanda Fane, incrédule.
Un peu plus tard, Mario et cet homme descendirent l'escalier. Ils allèrent au bar où Mario lui offrit un verre. Ils étaient assis ensemble, côte à côte, ils discutaient amicalement. Petru les regardait, il n'arrivait pas à détourner les yeux d'eux.
Fane vit le regard de son ami et il y lut une profonde détresse que leur conversation avait précédemment en grande partie dissipée, il devina alors de la vraie raison des larmes de son ami.
"Mario et ce type... sont allés baiser, n'est-ce pas ?" lui demanda-t-il à voix basse, bien qu'il lui parle roumain et que personne ne puisse les comprendre.
Petru le regarda et Fane vit un éclair de douleur dans les yeux de son ami qui se contenta d'acquiescer.
"Et toi... toi tu es... amoureux de Mario." dit Fane encore plus bas, parce qu'il comprenait qu'il s'engageait sur un sujet vraiment intime, très personnel.
"Non..." gémit Petru, mais Fane comprit bien que c'était un oui.
"J'ignorais que... que Mario aussi... était comme nous..."
"Peut-être... peut-être que lui-même l'ignorait, du moins jusqu'à il y a quelques jours... Je ne sais pas..."
"Et toi maintenant... tu es jaloux de cet homme..."
"Non... Il n'y a rien entre Mario et moi..."
"Quel rapport ? Tu es amoureux de lui... cet homme est ton rival. Mais si tu es amoureux de Mario, pourquoi ne le lui as-tu jamais fait comprendre ?
"Peut-être... par peur qu'il me dise non..."
"Mais comme ça, n'est-ce pas comme s'il t'avait déjà dit non ? Mario sait pour toi... il connaît toute ton histoire, non ?"
"Mais il ignore si je suis pédé ou pas. Il sait juste qu'on m'a obligé à me prostituer avec des hommes. Et c'est peut-être pour ça... parce que j'ai été tapin... que je ne l'intéresse pas dans ce sens."
"Mais celui avec qui il est maintenant... qu'a-t-il de mieux que toi ?" lui demanda Fane.
"De mieux que moi ? mais que Mario est allé avec lui, pas avec moi. Il est riche, élégant et cultivé... ce n'est pas un immigré quelconque comme nous."
Mario et cet homme se levèrent et allèrent vers l'entrée. Ils se dirent au revoir et l'homme partit. Mario revint au comptoir et quand Petru vit son visage radieux, souriant, il sentit encore un coup de poignard dans le cœur.
Les jours suivants, Petru vit cet homme revenir, mais sans garçon avec lui. A l'évidence il revenait pour Mario. Parfois ils prenaient une chambre, mais d'autres fois ils restaient juste à bavarder au bar. Malgré la souffrance qu'elle lui valait, cette situation avait au moins un côté positif : Mario semblait avoir retrouvé une certaine sérénité...