Le blog gay de Cavaillon et ses amis prostitués

En exergue : Ca parle des normes de merde qu’on nous met dans la tête et qui nous empêchent d’être nous même, de nous sentir libres de nos choix, d’aimer.

à consulter :

http://www.un-chemin-d-acceptation-de-soi.com/

"Désormais " ça veut dire "à partir de maintenant" ou pour toujours...?

Vu l'expérience et l'observation des couples je penserais "pour l'instant" Ceci a été publié dans Yagg - Têtu

 

Chère famille, chers parents,

 

Je suis désolé de n’avoir pas donné de nouvelles depuis longtemps, mais vous me connaissez, je ne suis pas de ceux qui écrivent très souvent ou qui décrochent le téléphone à la première occasion pour épancher leurs vies sur un bout de papier ou au bout d’un fil. Vous ne m’avez pas élevé comme cela. C’est bien vous qui m’avez fait, vous devez me connaitre mieux que personne. Du moins, vous me connaissez sans doute trop bien pour ne pas attendre de moi un quelconque signe de vie, pendant un long moment, sauf si l’urgence en fait la demande. Mais je vous rassure, une fois n’est pas coutume, je ne vous écris pas parce que j’ai un problème, au contraire même. Je n’ai que des bonnes nouvelles à vous raconter. Alors Maman, va chercher Papa et asseyez-vous sur le sofa, car je préfère que vous soyez assis quand vous allez lire cela…

 

C’est bon ? Papa est là ? Vous êtes assis dans le canapé ? Est-ce que Papa peut éteindre la télé ou du moins couper le son, ce serait sympa qu’il donne toute son attention à ce que vous vous apprêtez à lire, du moins pour lui à entendre. Je pense que le match de foot peut attendre quelques minutes. Sinon, si c’est vraiment un match important, prends une pause dans la lecture de cette missive impromptue (lettre ci-présente) et lisez-la au moment plus opportun.

 

Prêts ? Les lunettes sont propres et bien mises ? Tu n’as pas la gorge trop nouée ? Est-ce que ta voix est assez claire ? Bois un peu d’eau sinon… Bon j’arrête de vous materner, ce n’est pas mon rôle après tout. Quoique cela soit assez drôle en soit. Le fils qui materne ses propres parents. C’est que vous n’êtes plus très jeune tout de même. Vous vous faites vieux ! Je dois surement me préparer à vous traiter avec le respect qu’incombe votre vieil âge. Bientôt la retraite, hein ? LA RETRAITE ! ( Il est important, qu’à ce moment-là dans ta lecture, tu prends une brève pause et que tu cries de manière très audible, quoiqu’un peu exagérée, le dernier mot que tu viens de lire : RETRAITE. C’est pour ajouter une touche de réalisme à ta lecture !) Et je remercie papa de m’avoir traité de petit « bâtard », c’est un peu drôle de l’imaginer prendre la mouche et s’insulter lui-même.

 

Bon, vous vous demandez sûrement ce que j’ai bien pu faire ou quelle est cette chose très importante que je veux vous dire et dont je prends grand soin à retarder l’annonce. Je vous rassure rien de très grave, bien que… Je ne sais pas ce qu’on peut qualifier de grave dans une telle situation. Cela doit probablement dépendre du contexte ou de son éducation. Sans doute que vous avez une échelle de gravité différente de la mienne. Sans doute un problème de génération, vous me direz. Ou alors vous êtes peut-être mal informés sur la question et que par peur de l’inconnu, vous vous braqués au premier indice. Mais je suis sûr qu’avec un peu de temps et de recul, vous vous y ferez. Après tout, je vous connais et vous me connaissez, c’est vous qui m’avez quand même fait. Je tiens à rappeler ce point très important d’ailleurs. Vous êtes mes parents. Mes seuls parents, mes vrais parents (du moins, je le crois ! Maman ?) Et donc en tant que parents, vous vous devez de m’aimer. Si si, vous avez bien lu, c’est un devoir, constitutionnel même. Article 42 alinéa 3 ou quelque chose, je ne me souviens plus très bien…. Donc en tant que parents, vous devez m’aimer inconditionnellement, exponentiellement en fonction du degré d’inclinaison de la lune, du changement d’heure et de la date à laquelle vous m’avez conçu… (Maman ?) ET DONC, ainsi dit, vous ne pouvez pas cesser de m’aimer, ni de me considérer comme votre enfant ( UNIQUE et CHÉRI, je tiens à préciser) et que vous ne pouvez plus hélas, ni m’échanger, ni vous faire rembourser et encore moins m’avorter ! (PAPA !)

Ce que je vais vous dire est assez dur à formuler. J’ai cherché pendant longtemps le meilleur moment pour vous l’annoncer, la meilleure façon de vous le présenter. Trouver la bonne tournure est primordiale et cela prend parfois du temps… Je m’excuse donc d’ores et déjà de vous l’avoir caché pendant aussi longtemps. Je ne voulais pas. Et si vous sentez une certaine honte à mon égard, imaginez la mienne… Je suis terriblement désolé de mon comportement indigne de fils, de ne pas vous l’avoir dit plutôt, vous qui m’avez appris à toujours venir vous voir lorsque j’en avais besoin. Mais je n’étais pas prêt et ce n’était jamais le bon moment. Alors j’ai cru comprendre qu’aujourd’hui, cela le serait. Une simple lettre vaut parfois mieux qu’une conversation autour d’un café froid. Quoi que lorsque je vois la longueur de celle-ci, je me dis que vous l’avoir dit de vive-voix, nous aurait épargné à tous les trois beaucoup de temps et d’énergie.

Ce n’est ni un choix, ni quelque chose sur lequel j’aurais pu avoir une quelconque ascendance. Cela est simplement arrivé et je ne serais dire pourquoi. Je ne suis ni responsable et vous n’êtes surtout pas à blamer. Personne n’est fautif dans cette histoire. Personne sauf peut-être la vie. C’est la faute de la vie, si tout cela nous arrive. Mais on ne peut que blâmer la vie, alors à quoi bon. Donc même si cela est dur à dire et sans doute à entendre, je le sais, j’ai pris la décision de vous le dire, ici, dans cette lettre, à cet instant. Être loin de vous parait plus simple. Cette distance entre vous et moi me semble plus rassurante. Cela me facilite grandement les choses d’ailleurs. Je n’aurais pas à faire face à vos pleurs (enfin surtout les tiens maman ! Sèche donc tes larmes !) ou à vos reproches ( Hein Papa ?) Et vous n’aurez pas à détourner le regard, si vous vous sentez de le faire. Vous n’aurez pas à retenir vos larmes ou cacher votre déception. Je sais que cela est aussi dur pour vous que cela l’est et a pu l’être pour moi. Mais aujourd’hui, tout cela est derrière moi et sans doute cela le sera aussi heureusement pour vous dans peu de temps. Vous m’avez élevé dans une famille unie et aimante. Et c’est parce que je vous aime et que j’ai confiance en vous, en votre amour, que je prends le risque de vous le dire. Je préfère être honnête, avec vous, au-moins à partir de maintenant. Je sais les conséquences qui découleront sans doute de cette annonce. J’en connais tous les risques mais je les prends. Par amour pour vous et par confiance en le vôtre. Je tiens à vous le rappeler.

Ceci étant dit. Je vous sens préparés et je me sens enfin prêt à vous l’annoncer. Attention… Une fois dit, ni vous, ni moi, ne pourrons revenir en arrière, tout effacer ou faire comme si de rien n’était. Impossible d’oublier. Mais vous pourrez faire ce que vous voulez une fois cette lettre finie. Je sais ce que je fais. Je le fais pour le bien de tous, mais surtout pour le mien en premier.

Voilà, il y a quelques mois, j’ai découvert quelque chose en rentrant chez moi, après une longue journée d’études à la fac. Quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas vraiment, quoique j’y avais déjà songé auparavant. Qui n’y songe pas à un moment donné dans sa vie ? Mais le fait est, lorsque je suis rentré à la fin de cette éprouvante journée, j’étais enfin sûr et confronté à la vérité, à la chose telle qu’elle était vraiment. Une révélation qui est venue à moi, aussi dure que soulageante, je dois vous l’avouer…

Voilà, le poisson rouge que vous m’avez offert est mort. Je sais… Vous m’avez prévenu en me l’offrant. Je sais que je vous déçois. Mais de toute manière je n’en ai jamais vraiment voulu. Et c’est sans doute mieux ainsi. OUFF ! C’est dit ! Je suis soulagé. Je me sens plus léger. Libre d’un lourd poids sur mes épaules ! Vous êtes au courant. Vous le savez à présent. Il n’y plus de secret entre nous. Je me sens beaucoup mieux !

Je vais vous laisser accuser l’après-coup de cette troublante révélation…

Je précise une dernière fois que je vous aime et que cela ne change en rien notre relation, du moins pour moi. Je suis toujours le même après tout. Et vous n’avez pas changés non-plus. Juste un peu vieillis. Bon okay, j’arrête.

Si vous voulez toujours de moi comme fils et ce, malgré cette dure annonce de ma part. Si vous n’avez pas honte de moi, ou que du moins cela reste assez supportable. Si vous vous en foutez aussi, on ne sait jamais après tout ! Ou si je ne sais pas, il y a un couvert qui se libère le week-end prochain à votre table, je viendrais avec mon ami Nicolas, celui dont je vous ai parlé il y a quelques mois. Je veux vous le présenter. Il est très gentil et je lui parle souvent de vous. Trop même sans doute. C’est fou cette obsession que j’ai avec la famille. Mais justement, cela me tient vraiment à cœur de vous faire rencontrer, vous et lui. Car il fait partie de ma vie et donc de ma famille désormais. Et donc, par relation inter-je-ne-sais-pas-quoi, il fait un peu partie de la vôtre.

Votre fils qui vous aime.

A très vite.

PS : J’ai jeté le poisson dans les W.C., les frais de crémation ou d’enterrement étaient vraiment trop élevés pour une si petite chose. Vous me pardonnerez, hein ? Et au fait, dernier petit truc. Nicolas n’est pas vraiment un ami… Enfin, pas que !

 

Bisous.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sam 12 avr 2014 Aucun commentaire