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«L'Origine du monde» de Courbet a enfin un visage
Le tableau est exposé depuis 1995 au musée d’Orsay. (Photo Pascal Guyot. AFP)
Un amateur d'art aurait retrouvé l’autre partie du célèbre tableau, selon «Paris Match». Au musée d'Orsay, «personne ne se prononce pour l’instant sur cette affaire».Mettant fin à un mystère, en «exclusivité mondiale» ce jeudi, Paris Match révèle le visage caché de l'Origine du monde, de Courbet. Un amateur d'art aurait retrouvé l’autre partie du sulfureux tableau. Le nu féminin, peint en 1866 et qui n’avait pas été baptisé par le peintre, est exposé depuis 1995 au musée d’Orsay. La fondation Lacan a fait dation de l’œuvre à l’Etat, cette année-là, après la mort de son dernier propriétaire, Jacques Lacan.
Paris Match affirme, expertises scientifiques à l’appui, que tout prouve qu’il s’agit d’une seule et même œuvre. Contacté par Libération, le musée parisien déclare «que personne du musée ne se prononce pour l’instant sur cette affaire». Il a fallu deux ans d’expertises et d’analyses pour s’assurer qu’il s’agit bien de la même œuvre, d’après Paris Match.
Paris Match du 7 février, page intérieure. (Photo Philippe Petit. Paris Match. Scoop)
L'histoire remonte à 2010, lorsqu’un amateur d’art acquiert le tableau d'une «belle lascive» dans la boutique d’un antiquaire parisien, pour 1 400 euros. De retour chez lui, il remarque que les bords de la toile (41 centimètres sur 33) ont été découpés, comme si l’œuvre était extraite d’une plus grande. Le découvreur remarque aussi qu’elle n’est pas signée. Par contre, au verso, un cachet, peut-être celui d'un nom de marchand de couleurs de l'époque. Persuadé de détenir une perle rare, le collectionneur, à partir de 2012, passe des heures dans les bibliothèques pour découvrir l’identité de cette femme. Puis une nuit... «Fébrile, il pioche l’Origine sur Internet, l’imprime grandeur nature (46 cm x 55 cm), la superpose à son tableau avec un léger décalage... Et c’est la révélation», explique Paris Match.
En juin, la chance lui sourit à nouveau : il découvre une reproduction du tableau de Gustave Courbet, la Femme au perroquet (conservé au Metropolitan Museum of Art de New York), dont le portrait correspond au sien. La femme s’appelle Joanna Hiffernan, une irlandaise, modèle et maîtresse du peintre français, elle serait également le modèle de l’Origine du monde. Après quatre mois d’investigation, il rencontre Jean-Jacques Fernier, expert à l’Institut Gustave-Courbet, «le seul à attribuer officiellement des œuvres du maître et à certifier ou non les hypothèses», souligne Paris Match.
L’expert confirme que le tableau scandaleux est une œuvre incomplète, issue d’une plus grande. Le collectionneur confie sa belle aux experts du Centre d’analyses et de recherche en art et archéologie (Caraa), qui, après avoir passé tous les examens, confirme que tout correspond point par point, jusqu’à l’écartement des poils du pinceau (1). Toutes ces preuves lèvent les réserves de Jean-Jacques Fernier qui l’inscrit au tome III du «catalogue raisonné de Gustave Courbet». Fernier imagine, dessins à l’appui, que les dimensions de l’œuvre d’origine pourraient être de 120 x 100 centimètres.
Au musée Courbet à Ornnas, on est plus circonspect. Contactée par Libération, la conservatrice en chef et directrice du musée, Frédérique Thomas-Maurin, déclare «qu'elle n'est pas convaincue», d'autre part, «il n'y a aucune preuve du côté des musées de France». La toile reproduite dans Paris Match, «est très éloignée des autres portraits de cette femme, Jo, même si je ne l'ai pas vue». Selon elle, «ce n'était pas l'objet de la commande du diplomate turc de l'époque, Khalil-Bey».
Peut-être que l'exposition que le musée Gustave Courbet consacrera à l'Origine du monde, en 2014, permettra d'en savoir plus.