Le blog gay de Cavaillon et ses amis prostitués
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sur une trame tracée par Pedro, voici une nouvelle signée Claudio
Illustration pleine de FUN pour La belle histoire de marceau bouchard et jorel leblanc
Cloud : Perdus dans le même décor
C'est pour ça que je t'aime En chair et en os Welcome soleil J'ai la tête en gigue Ça tire à sa fin La beaucoup trop longue histoire de Marceau Depuis que t'es là Je vais changer le monde Quoi faire, quoi dire J'étions seul Prête-moi ton regard C'est quoi ton problème? Ça fait plaisir de te voir Je savais pas à quoi m'attendre
« Le seul moyen de se délivrer d'une tentation c'est d'y céder. Résistez et votre âme se rend malade à force de languir ce qu'elle s'interdit » Oscar Wilde
Les pieds de l'homme s'enfonçaient profondément. Les pas étaient hésitants, souvent chancelants, les mouvements étaient mécaniques, mais le rythme rapide. Lorsque le genou, mal assuré, s'effondrait dans la neige et entraînait le corps dans sa chute, l'homme se relevait aussitôt et reprenait sa pénible marche.
Une volonté nouvelle poussait cet homme torturé de faim et de fatigue. L'arrivée était proche, il venait de reconnaître en la foulant la rivière Apachapak. Elle était gelée et recouverte de neige. Dans cette vallée, elle disparaissait au regard, mais les tourbillons créés par l'eau dans son chemin d'obstacle se sont gelés en de multiples dômes de glace sur lesquels les pieds se heurtaient et glissaient continuellement. L'homme avait retrouvé le méandre que sa carte indiquait. Il s'était perdu en préférant couper court plutôt que de suivre ce cours d'eau aventureux. La prochaine habitation n'était plus loin et c'était là qu'il se rendait.
Derrière un bosquet d'immenses sapins de Kellermann, il vit de la fumée, puis en contrebas d'un talus, une petite baraque de rondins de bois. Juste à ce moment une tempête de neige commença. Ses derniers cent pas se firent contre le blizzard et l'homme bénit le ciel qu'il n'eût pas soufflé plus tôt car il aurait pu signifier sa perte.
Arrivé à la porte, l'homme déposa sur le seuil la couverture qui l'enveloppait, retendit en tirant dessus sa vareuse rouge et redressa son chapeau de feutre qu'il avait enfoncé. Il frappa à la porte au même rythme que son coeur qui venait subitement de s'emballer. Ne sachant pas si ses coups s'étaient perdus dans les hurlements du vent, il décida d'ouvrir la porte. La pièce qu'elle découvrit était sombre, il ne voyait rien à l'intérieur et cela le décontenançait.
— Jorel Leblanc , vous êtes là?
Finit-il par dire sans franchir la porte.
— Je suis Jorel Leblanc, répondit une voix.
L'homme à la vareuse rouge attendit quelques instants pour voir si la voix allait continuer afin qu'il puisse mieux en apprécier les intonations, mais l'homme à l'intérieur se tut.
— Je suis ici pour vous arrêter!
— Vous êtes seul ? Interrogea la voix.
L'homme, dont la vareuse rouge indiquait clairement qu'il appartenait à la police montée canadienne, prit soudain peur, ne répondit pas mais sortit l'arme qu'il tenait contre sa hanche gauche.
— Calmez-vous, je me rends. Le ton tranquille rassura à moitié le policier. Il s'avança vers le milieu de la pièce et vit un homme attablé qui lui faisait face. Le policier contourna la table, sortit une paire de menottes et les passa rapidement aux poignets de celui qui s'était déclaré être Jorel Leblanc.
Lorsque le policier se réveilla, il était allongé près du feu entre deux couvertures faites de peaux de caribou. La chaleur était agréable, avant même d'ouvrir les yeux, il étira son corps de façon à ce que chaque pouce de sa peau puisse profiter de cette douceur qui lui avait tant manqué ces derniers jours.
— Vingt-cinq heures de sommeil bravo, vous deviez être épuisé? Lui demanda Jorel Leblanc.
Le policier se redressa brusquement, rejeta les couvertures, se leva et demanda:
— Qu'est ce que je fais là?
— Je n'en sais rien. Vous vouliez m'arrêter, mais j'attendais quelques explications.
— Je veux dire qu'est ce que je fais là nu, entre deux couvertures?
— Vous vous êtes évanoui, je n'allais pas vous laisser dans vos vêtements trempés, répondit Jorel Leblanc sur un ton légèrement moqueur.
Les deux hommes profitèrent de ces quelques échanges pour s'étudier.
Jorel Leblanc dévisagea le policier de haut en bas et le trouva très jeune, à peine vingt-deux ans. Les muscles saillants de son corps montraient un entraînement intensif fréquent. Il voyait que le jeune homme venait de terminer une école de la police dans le sud du Canada, et certainement dans une métropole. Il n'avait pas encore acquis la force de caractère de ceux qui doivent quotidiennement lutter avec la nature pour vivre d'elle. Toutefois il apprécia ce corps large, bien dessiné, aux muscles ronds que surmontait une tête aux traits fins et aux courts cheveux blonds. Les yeux, bleus comme il se devait, pétillaient de candeur juvénile. John pensa que la vie avait épargné à ces yeux certains spectacles qui marquent la vie d'un homme. En continuant à dévisager le jeune homme, son regard s'arrêta sur son sexe. Deux belles grosses boules bien rondes et solidement accrochées étaient surplombées d'un sexe en forme de bouton de rose. Sexe pas long, exactement comme celui des grands sportifs mais sa tendre couleur montrait qu'il était frais, en parfaite santé, et qu'il devait avoir très peu servi.
Jorel Leblanc lui, devait avoir une trentaine d'années. Son visage souriant paraissait sympathique au jeune policier, mais celui-ci se demandait quel degré de confiance on pouvait avoir en un homme qu'on venait arrêter. La supériorité de Jorel était évidente, il avait vécu toute sa vie dans ces régions. Sa musculature, bien que légèrement relâchée, indiquait que ce garçon brun était physiquement bien plus fort.
Nu, le policier se sentait désarmé. Il était choqué et mal à l' aise, cette situation n'étant pas très réglementaire pour l'arrestation d'un bandit.
— Où sont mes vêtements? Il chercha des yeux les insignes de sa dignité, et les trouva sur une chaise non loin de lui près de la cheminée.
— Ils ne sont pas secs, je les ai lavés, venez plutôt déjeuner, je viens de faire du bon café.
— De quel droit avez-vous lavé mes vêtements? Demande le jeune garçon dans un effort d'autorité.
— Du droit que je reste ici chez moi, que vos vêtements sentaient particulièrement fort et que ma maison n'est pas très grande. Je vous ai même lavé et rasé. Si cette information peut avoir un quelconque intérêt pour vous. La voix était calme mais assurée.
Le policier grogna, après sa dignité, sa pudeur venait de subir un rude coup. Comment cet inconnu pouvait-il l'avoir lavé comme un enfant? On lui avait enseigné qu'il lui fallait toujours dominer son adversaire. Il se sentait moralement affaibli, et il aurait du mal maintenant à imposer sa loi au bandit qui lui faisait face. Ne sachant quel comportement adopter, il se décida pour une mesure neutre d'attente, en s'asseyant à la table pour y avaler son bol de café. Sa faim venait brutalement de se réveiller et de douloureuses crampes réapparaissaient à la vue d'énormes tranches de lard frit.
— Quel est votre nom? Demanda Jorel Leblanc.
— Je suis le sergent Marceau Bouchard de la police montée, répondit le policier occupé à inspecter tout ce qui pouvait se manger sur la table.
— C'est votre première arrestation. Le ton était plus affirmatif qu'interrogatif.
— À quoi le voyez-vous? Réussit à articuler Marceau Bouchard entre deux bouchées de lard gras.
— Vous avez perdu vos chiens et un policier qui se respecte ne perd pas ses chiens.
Marceau Bouchard grimaça, cette histoire de chiens allait lui attirer des ennuis.
— Ils se sont sauvés, il y a quatre jours. Je les avais nourris quand l'un d'entre eux s'est mis à pleurer, puis à hurler. Il est mort en quelques minutes. Les autres ont cherché à se venger, ils se sont mis à grogner et à vouloir m'attaquer. Je voulais les disperser, j'ai réussi, ils se sont tous sauvés, impossible de les faire revenir.
— Les huskies ne doivent jamais être trop nourris, ils n'y sont pas habitués. Ça leur retourne le ventre et ça les tue ne un quart d'heure. Ces chiens ne sont pas faits pour être ni trop aimés, ni trop gâtés. Vous n'avez pas réussi à vous imposer à eux, ils vous en ont voulu, puis ont décidé de vous laisser tomber. Ce sont des chiens idiots. Ils ne retourneront vers l'Homme que la faim au ventre, mais ils ont plus de chance de finir dans la gueule d'un loup auparavant. Vous ne les retrouverez pas. Ça vous coûtera quelques mois de paye, mais c'est le métier qui rentre.
Marceau Bouchard grimaça de nouveau, le grand Nord ne fait décidément pas de cadeau à ceux qui n'en connaissent pas toutes les règles. Il ne lui restait qu'à s'accrocher.
— Vous vous laisserez faire? Demanda-t-il naïvement, soucieux d'éviter de nouveaux ennuis.
Jorel regarda Marceau pendant toute la discussion, le torse était peu poilu et ses poils blonds laissaient voir une peau douce et sans défaut. C'est de plus en plus troublé qu'il répondit:
— Ce n'est pas une question d'actualité, il va neiger encore une semaine. Cette baraque sera bientôt recouverte jusqu'au toit, il sera alors pratiquement impossible de sortir.
Jorel semblait particulièrement heureux d'avoir à dire cela. Il allait avoir de la compagnie et quelle compagnie !
— Ça durera combien de temps? Demanda Marceau avec inquiétude.
— Trois semaines environ, le temps que la neige se tasse.
Le temps s'arrêta net pour Marceau, il considéra l'éternité qu'il aurait à partager avec son prisonnier, dans une pièce pas plus grande qu'une cellule. Les deux hommes se regardaient droit dans les yeux.
Marceau s'imaginait vivre un long bras de fer où, jour après jour, il devrait réaffirmer une supériorité que seule la certitude de son bon droit lui donnait actuellement. Il se jurait d'utiliser ces longues semaines pour ramener Jorel dans le droit chemin. À défaut de force physique, il utiliserait la psychologie. Il avait appris de longs discours évidents sur les règles fondamentales de la vie en société. Il saurait les reprendre avec une fervente conviction. S'il échouait, il jouerait de la seule vue de son uniforme ou, en dernier recours, sur la force de son arme. Celle-ci aujourd'hui complètement inutile, était restée à son ceinturon. Jorel n'avait même pas cru bon de vider la cartouchière de ses balles. Marceau ne se sentait pas pris au sérieux.
Pendant que son air se faisait de plus en plus sévère et que ses yeux viraient au gris, Jorel dans le silence de ce face à face, laissait, lui aussi, ses pensées s'envoler. Il rêvait de voir Marceau dans la forêt abattre du bois de coupe à la hache. Il oubliait la tempête qui les entourait et l'imaginait, à la belle saison, le torse nu faisant travailler ses muscles avec une attention soutenue. La sueur de son front se perdrait dans ses sourcils, coulerait en minces rigoles sur ses tempes et de là se perdait sur ses larges épaules brillantes de transpiration. De temps en temps, Marceau, fier de ses prouesses, se retournerait et regarderait John qui simplement l'admirerait.
Le décalage de ses pensées faisait monter une tension qu'amplifiait le silence.
Jorel crut de son devoir de détendre l'atmosphère en plaisantant sur le stage pratique de survie qu'il offrirait gracieusement à l'homme qui était venu l'arrêter.
Marceau Bouchard passa le reste de la journée à attendre et à entretenir le feu, allongé par terre sur une peau d'ours. Jorel était sorti ramasser ses pièges avant que la tempête ou les loups ne les arrachent. Marceau laissa son corps se réchauffer, la peau de ses testicules se détendit à la chaleur. Son esprit s'emplit d'images vagues où de nombreux corps nus s'entrelaçaient devant des flammes vives. Elles lui cachaient leurs sexes. Son esprit n'arrivait pas vraiment à visualiser ce corps. Étaient-ce ceux d'hommes, de femmes ou encore de couples ? Il ne voyait pas clairement dans ces images où ses envies se portaient. Il cachait dans des visions puissantes mais floues, son absence de désir pour les femmes. Il ne voyait que des peaux se frôler, se toucher ou encore glisser les unes sur les autres dans une fête sensuelle sans retenue. Marceau n'avait que rarement eu de rêves sensuels aussi forts.
Il commença à frotter tout doucement son sexe sur la peau d'ours blanc. La tête posée sur celle de l'animal, la mordillant comme il s'imaginait le faire avec l'une de ses conquêtes. Il contorsionna son corps sur la fourrure dans des mouvements de plus en plus frénétiques. Alors qu'il se sentait proche de l'extase, il se pencha pour voir son sexe, et le regarda attentivement comme il ne l'avait jamais vu. Son sexe était gorgé, le gland brillait d'être trop gonflé. Il le trouva beau. Cette émotion lui tourna la tête. Dans un ultime frottement, il explosa sans même se toucher, comme il avait toujours l'habitude de le faire dans ces rares moments de pulsions sexuelles. Une pensée lui vint : ce lieu était-il si propice à l'érotisme ? Il n'avait pas craint dêtre surpris à se masturber.
Tout compte fait ça ressemblait à la cabane du"touche-pipi" quand il était gamin : ce qui s'y passait restait un secret par rapport au monde des adultes. Un secret entre les participants... un risque à courir.
Au retour de Jorel, ils dînèrent et discutèrent librement de l'école que venait de terminer Marceau Bouchard. Au grand étonnement du jeune policier, Jorel semblait bien la connaître. Marceau s'était enfin rhabillé et se sentait plus fort, plus sûr de lui. L'homme qui était en face de lui l'impressionnait déjà moins.
À l'heure du coucher, Jorel avertit Marceau qu'ils allaient devoir partager le même lit car le feu devait être mis en veilleuse pour économiser la réserve de bois et il n'y avait pas assez de couvertures de peaux pour les partager. Marceau accepta de bon coeur, son apprentissage commençait et il lui fallait bien accepter quelques dispositions qui en d'autres temps lui auraient paru singulières. Après tout la situation était extrême, de même que cette satanée mission d'arrêter son...hôte !
La pièce dont le feu n'était plus entretenu se refroidit très vite et la lumière diminuait d'intensité. Redevenu pudique, Marceau ôta rapidement ses vêtements et se glissa dans ce lit qui l'avait accueilli pendant 25 heures. Jorel se déshabilla lentement devant Marceau, mais de côté de façon que les lueurs des flammes jouent avec les formes de son corps. Marceau ne manqua pas ce spectacle. Le sexe de Jorel était d'une telle longueur que jamais il n'aurait cru que cela puisse exister. Jorel se massa légèrement l'entrejambe afin de bien faire ressortir son sexe avant de le rejoindre lui aussi le lit.
— Je vais te réchauffer.
Marceau n'eut pas le temps de s'étonner de la proposition de Jorel car il sentit aussitôt la main de celui-ci lui caresser le sexe. Marceau voulut se dégager violemment mais déjà Jorel allongeait son corps sur le sien et le bloquait. Marceau essaya de résister, mais il n'avait pas assez de force. Il abandonna, tint son corps raide et pleura sans faire de bruit. Jorel caressa le corps de Marceau très tendrement en lui parlant à voix basse pour le calmer. Il laissait courir ses doigts sur ses pectoraux saillants et apprécia les abdominaux qui ressortaient. Il commença à frotter tout doucement son sexe contre celui de Marceau et sentit que celui-ci se durcissait aussi. Jorel lécha les dernières larmes du jeune homme et reprit ses caresses directement sur le sexe de Marceau. Cette jeune chair excitait de plus en plus Jorel. Cela atteignit son paroxysme lorsqu'il porta sa main à ses narines pour sentir la mâle odeur du jeune homme. Marceau restait pour ainsi dire inerte et ne se débattait pas. Jorel en profita pour plonger sous les couvertures et suça profondément le sexe maintenant bien dressé. Marceau éjacula rapidement dans des râles qui ne pouvaient qu'exprimer le plaisir.
Jorel demanda à Marceau de se retourner. Aidé par les pognes puissantes de Jorel, il se laissa faire. Jorel explora quelques instants les fessiers bien rebondis du jeune garçon. Puis, il porta sa main à sa bouche et recracha le sperme que Marceau venait de lui offrir. Il l'utilisa pour enduire un trou qui de toute évidence ne se laisserait pas pénétrer facilement. Jorel glissa difficilement un doigt dans le corps gémissant du garçon. Chair contre chair, il ressentit la chaleur interne du gosse. aidé de sa langue, il appuya ses lèvres sur son anus et recracha le reste mêlé de salive en le pulsant de son souffle pour le faire pénétrer. Ceux qui nous lisent sauront évaluer combien le plaisir qui en résulte inhibe toute protestation ou résistance. Jorel se disait qu'il fallait que le "gosse" eût des dispositions pour qu'il se laissât faire ainsi. D'ailleurs Marceau s'employait à les protéger du froid en maintenant sur eux les couvertures qui tombaient sans arrêt...
L'anus était bien fermé. Pour s'aider, Jorel fit agenouiller Marceau, lui releva les fesses et lui écarta les cuisses. Jorel était fou d'un désir aveugle de le pénétrer. Il s'en foutait que ce soit un viol aggravé sur un agent de police de l'Etat. Il décida de le prendre d'un coup pour ne pas allonger un supplice qu'il savait inévitable. Le hurlement de Marceau se perdit dans le vent qui soufflait furieusement sur le chapeau de la cheminée. Jorel s'activait et sentait monter en lui une agréable sensation qui lui entourait le sexe. Il éjacula au moment où Marceau n'en pouvait plus de douleur. Ils s'effondrèrent tous les deux et restèrent l'un sur l'autre, l'un dans l'autre à goûter à la joie d'une chaleur qu'ils estimaient idéale alors que la température de la pièce devenait négative.
Le lendemain, Jorel se leva le premier pour réactiver les braises et faire crépiter le feu qui permettrait à Marceau de se lever sans trop sentir cruellement le froid. Lorsque la pièce fut à nouveau chaude Marceau fit ses premiers pas, les jambes arquées, mais un semblant de sourire courait sur ses lèvres.
— Hou! quelle nuit, bon sang jamais je n'aurais cru qu'elle soit si chaude.
Il s'assit sur le banc auprès de la table et prit un air qu'il souhaitait naturel.
Jorel ne répondit pas et ce silence le gênait, il ne savait plus quelle contenance se donner. Que pensait Jorel de cette nuit? Il lui fallait le savoir, mais ce dernier restait impassiblement silencieux. Le regard sérieux qu'il portait à ses travaux domestiques ne trahissait pas ses pensées. Marceau, lui qui, après tout, avait été forcé, étonnamment se mit à se sentir coupable et chercha une phrase qui puisse forcer Jorel à s'exprimer. Il lui sembla la trouver en demandant sur le ton d'un enfant quémandeur.
— On n'a pas tellement de distractions ici ! Moi aussi, j'aurais aimé goûter ton sexe... et te prendre aussi...
Jorel le fixa, s'approcha de lui et dégrafa ses braies de trappeur, laissant entrevoir un sexe que Marceau trouva formidable. Celui-ci fut immédiatement rassuré sur les conséquences de ses actes de la nuit et sa honte s'évanouit, faire l'amour avec un homme était naturel.
— Regarde-le, mais ne le touche pas. Tu l'auras entièrement ce soir.
Marceau, fou de bonheur, ne put s'empêcher de déposer un petit baiser respectueux sur le gland de Jorel.
Et ce fut le premier jour de ces semaines d'enfouissement sous la neige qui passèrent comme un souffle...un souffle de passion qui retardait la mission de Marceau.
La perte de son traîneau et de ses chiens, la neige qui rabotait tout relief et effaçait les repères, Marceau pouvait se demander si c'était une chance d'atterrir là ou si c'eût été mieux de ne pas trouver son "prisonnier" car les rôles étaient bel et bien inversés c'est Marceau qui était dans la geole de Jorel aidé par la Nature.
A condition d'aimer le gibier d'hiver de toute sorte, on ne manquait de rien.
Jorel était un surdoué de la survie. Le repos, à part les nuits d'amour, équilibrait les moments de veille ou de travail. Oui, Jorel disposait de bûches et de troncs dans l'appentis et il fallait débiter chaque jour la provision de bois pour le lendemain. Plumer écorcher le gibier, apprendre à cuisiner... Se laver mutuellement avec un peu de neige fondue...admirer le corps de l'Autre et ses splendeurs...
A part ça, rien à désirer. Marceau eût bien aimé faire un peu l'amour les après-midis devant la cheminée, et voir Jorel dans ses oeuvres mais ses caresses -même serviles- ne parvenaient pas à décider un Jorel inflexible. Le sexe (et quel sexe !) c'était quand on se mettait au lit pour la nuit après la mise au ralenti du feu et il faisait très noir.
Cela dit, les nuits de Marceau étaient devenues lumineuses par les trips que son soi disant prisonnier lui faisait vivre. Marceau se demandait bien qui était le prisonnier de l'autre et s'aperçut peu à peu qu'il ne souhaitait plus que la neige fonde trop vite, jusqu'à penser qu'elle devienne éternelle.
Marceau était devenu expert en fellations et son partenaire lui avait appris à se positionner pour recevoir son sexe jusqu'au tréfonds de sa gorge et à se délecter de ses décharges vibrantes et juteuses. Certes Jorel s'était prêté à la sodomie. Instinctivement il accordait cette réciprocité à son compagnon, car il fallait lui conserver sa fonction de mâle. Mais son vrai plaisir était de le pénétrer longuement, lui Marceau, à fond et "sans pitié". Le policier, sans s'avouer homosexuel, aima ça, qu'on s'occupe activement de lui. Ici personne ne pouvait entendre ses gémissements, ses supplications et ses hurlements quand l'ardeur de Jorel le submergeait d'amour masculin. Ce gland exigeant, épais et lisse, velouté, était attendu, accueilli, entouré par son anus qui maintenant, loin d'en souffrir comme les premières fois, jouissait depuis son arrivée dure et bandée au regret de sa sortie et de sa déturgescence. Il 'y avait aucune gêne entre eux Marceau gardait précieusement en lui la semence nacrée jusqu'au matin. Ils aimaient pisser et déféquer côte à côte. Toutes ces joies insouciantes, les rires et les baisers profonds et envoûtants dont ils ne se privaient pas.
Quelquefois Marceau voyait cela comme la prise passagère d'une drogue apaisante et exaltante...et dicté par la solitude partagée entre deux hommes...d'une grande générosité.
Marceau avait complètement oublié sa mission quand John lui apprit qu'il avait appartenu lui aussi à la Police Montée du Canada. Puis, parce qu'il avait été trappeur, on lui avait confié cette tâche d'initiateur des jeunes recrues au Grand Nord canadien. La première recherche d'une jeune recrue s'effectuait toujours ainsi. Loin de reprocher à Marceau son insuccès avec ses traîneaux et ses chiens, il le mit à l'aise en lui disant que cet échec faisait partie de sa formation pratique. Il est important dans ces régions où la nature est particulièrement hostile à l'homme que ces derniers resserrent leurs liens afin de créer des amitiés indéfectibles. Jorel assura Marceau qu'il se chargerait de lui donner tous les enseignements dont il aurait besoin pour mener à bien ses difficiles missions pendant les hivers les plus rigoureux.
Une chose restait à préciser et plusieurs par la même occasion.
Jorel, qui n'était plus désormais le convict à capturer, avouait sans peine sa bisexualité. Marceau était pour lui un compagnon idéal, à l'égal d'une femme.
0 peu près toutes les recrues qu'il avait reçues n'avaient fait qu'adapter leur conduite au viol qu'il leur faisait subir et très vite les relations devenaient normales. Avec Marceau, sans que ce dernier y prît garde, cela avait été plus passionnel, fusionnel même. Jorel affirma qu'il verrait Marceau partir avec regret, lui-même, son rôle auprès de Marceau achevé allait rejoindre pour un temps épouse et enfants à Montréal, avant de retourner à la cabane pour accueillir un nouveau stagiaire.
Cela ne pouvait que plonger Marceau dans le doute et la perplexité et ... la honte fit son entrée en son âme.
Jorel fin psychologue s'y attendait. Il but les larmes de son amant. Ce dernier lui demanda de rester et d'attendre ici son retour. Accueillir à deux le prochain stagiaire lui paraissait l'idéal et permettait des remplacements pour favoriser les visites de Jorel à sa famille...et ajoutait Marceau en plaisantant,
de faire encore des petits québécois à sa compagne...
Tout en faveur de cette proposition Jorel la présenta à leurs supérieurs qui l'acceptèrent car elle sécurisait au mieux ce poste de formateurs.
Ils vécurent heureux et partagèrent leur affection avec d'autres jeunes policiers de la Police bien montés.¤