Le blog gay de Cavaillon et ses amis prostitués
-> INVENTAIRE DES POSSIBLES
une recherche amoureuse qui risquait bien d'être déçue...
Le Kiné de mes rêves.
Avant hier, ma première séance de kiné. J'avais cherché sur les pages jaunes un cabinet tenu par un homme, un reflexe. Quand j'ai téléphoné monsieur X m'a annoncé qu'il ne pouvait pas me donner de rendez-vous avant trois semaines. J'ai raccroché après avoir répondu que je réfléchirai et le rappellerai et après m'être rendu à l'évidence que tous les autres cabinets étaient tenus par des femmes, je me suis rabattu sur le plus proche de chez moi, mais qui avait l'intérêt d'employer deux autres kinés (!). J'ai appelé et après avoir épluché son agenda, elle m'a donné un rendez-vous pour le jour même.
Assis dans une petite pièce, j'attendais mon tour en écoutant deux mégères qui parlaient de leur mari comme d'animaux de
compagnies. Devant son vieux bonhomme appuyé sur sa canne, l'une demandait à l'autre avec le timbre d'une marchande poisson :
"et toi tu le sors de temps en temps ?"
"Oh oui, sinon il resterait toujours à la maison, alors je l'emmène faire un tour !"
"Ba… moi c'est pareille !".
J'étais abasourdi, les tympans percés ; sidéré devant ces deux femmes qui semblaient avoir attendues le dernier tournant de leur vie pour prendre leur revanche sur leur mari devenu enfin vieux, impotent, quand un jeune homme s'est présenté dans la salle d'attente. C'était, trait pour trait, le garçon que j'avais imaginé en parcourant les pages jaunes à la rubrique des kinésithérapeutes. De taille moyenne, les yeux pétillants, le visage souriant et avec dans ses gestes "un je ne sais quoi", qui me mit aussitôt en confiance. J'ai levé les yeux vers lui, nous nous sommes regardés, puis il a invité une femme assise en face de moi à le suivre et quand la porte s'est refermée sur eux, j'ai maudit la terre entière.
Puis une jeune femme à lunette s'est présentée et m'a appelé, je l'ai suivi à travers un couloir en tournant la tête de tous côtés, mais point de jeune homme. Elle m'a fait assoir et m'a posé tout un tas de questions auxquelles je répondais en prenant tout mon temps, espérant que le beau gosse ferait une apparition. En vain.
Ensuite elle m'a fait entrer dans une pièce où je me suis mis en slip. Elle m'a ausculté en me posant quelques questions
convenues, m'a demandé de m'allonger sur un lit, a baissé mon slip, a identifiés du bout de ses doigts experts les points de contractures, puis tout en me faisant un rapide résumé de l'état
désastreux de mes lombaires, m'a enduit le bas du corps d'un liquide doux et tiède et s'est mise à me masser le bas des reins puis les fesses, comme si elle pétrissait une boule de pâte.
La tête dans l'oreille les bras repliés sous mon visage, je pensais : "pas de chance, pourquoi mon nom ne s'est pas retrouvé en face du jeune kiné dans le
carnet des rendez-vous !" Et à chaque fois que les doigts de cette femme s'enfonçaient sur un point douloureux en me demandant : "Et là ça vous fait mal ?", je serrais les dents pour
ne pas rire, m'imaginant sur la béquille répondant au jeune kiné : Oh oui! Oui! Vas y continue !
Après la séance, dans le bureau où l'on reçoit les patients pour leur fixer un prochain rendez-vous, le jeune homme s'est pointé, enfin. Ce que j'ai vu en premier ce sont ses bras jeunes et musclés, couverts de poils fins et sombres, peignés dans le même sens comme s'il venait de les lisser. Je le dévorais du regard au point qu'il s'en est aperçu et comme pour répondre à mon insistance, m'a décoché un "bonjour". Après quoi il est reparti. Alors j'ai demandé à la kiné : "j'aurai toujours affaire à vous ?". Il venait de me traverser l'esprit que, peut être en fonction du carnet de rendez-vous, on pouvait avoir affaire à un autre kiné du cabinet. Mais d'un ton qui se voulait rassurant, elle m'a répondu à mon plus grand désarroi : oui bien sûr, à moins que je sois malade… Alors je me suis mis à penser à toutes sortes de maladies.
En sortant du cabinet j'ai regardé les plaques sur le mur. L'une d'elles portait un prénom masculin. Germain... En marchant je répétais: "Germain X, Germain X, Germain, pour graver son nom dans ma tête. Pourtant, arrivé chez moi, Germain était devenu Damien, alors quand j'ai fait une recherche sur le net je n'ai rien trouvé. Le lendemain, au bureau, j'ai pensé à lui toute la journée mais comme je ne parvenais pas à me souvenir de son nom et que le cabinet n'est pas à lui, une recherche sur google avec pour mots clefs kiné et le "nom de ma ville" ne me renvoyait rien qui lui ressemble.
Je ne m'explique toujours pas pourquoi je n'ai pas eu plus tôt l'idée de sortir la carte de rendez-vous qui était restée dans la poche de
mon blouson, celui que j'avais enfilé le matin en partant travailler. Peut être parce que je pensais à tort qu'il n'y figurait que le nom de la kiné à lunettes qui s'était occupé de moi, pas ses
employés.
Le soir, en rentrant chez moi la touche message de mon répondeur clignotait. Je me suis douté que c'était la kiné celle qui m'avait si bien pétri les fesses que je me sentais déjà mieux, qui
m'avait rappelé. Je lui avais demandé, si une place se libérait plus tôt que le rendez-vous qu'elle m'avait fixé dans huit jours, de me le faire savoir. C'est à ce moment là que je me suis
souvenu de la carte. Je l'ai sortie et j'ai trouvé ce nom que j'avais essayé en vain de retrouver en fouillant dans ma mémoire de piaf.
Après une rapide recherche sur le net, j'avais une photo de lui, je connaissais son âge : une petite trentaine d'années, les pays où il a voyagé : l'Inde, l'Australie, que c'était un sportif, les
établissements scolaires qu'il a fréquentés de la maternelle jusqu'à ses études de Kiné à Paris, mais aussi, au milieu de ces renseignements pour certains, très peu romantiques comme son numéro
Siret, qu'il était célibataire et habitait à quelques pas de chez moi. Mais passé le premier moment d'euphorie, je sentais combien, tous ces renseignements, que l'on peut trouver aujourd'hui
devant son clavier en quelques clics, n'agissaient que comme un miroir aux alouettes, et rompant le charme, dévoilant trop crument ce garçon, ne contribuaient finalement qu'a m'éloigner de lui.
L'internet, contrairement à ce qu'affirment certains, ne rapproche pas les gens, mais bien au contraire, nous renvoie à une solitude plus définitive encore.
Ce matin, je me suis décidé à composer le numéro du cabinet pour décliner le rendez-vous qu'elle me proposait, le jour même,
mais trop tard pour moi. Au bout de quelques sonneries une petite voix masculine, posée et douce m'a répondu. C'était Germain ! Je ne saurais l'expliquer mais ça ne m'a pas étonné de tomber sur
lui, je crois même qu'au fond je m'y attendais un peu. Une prémonition peut être. Comme si, à force de penser à quelqu'un on finissait par provoquer le hasard. Je lui ai expliqué en bafouillant,
la raison de mon appel et à mon plus grand regret il m'a passé sa collègue, la kiné à lunettes.
En fin d'après-midi je me suis décidé à sortir de ma tanière. Je voulais passer à la pharmacie pour commander mon prochain traitement et acheter du pain. Le traitement était un prétexte et le
pain, pareil. En chemin je suis passé dans sa rue. A l'adresse que j'avais trouvée en face de son nom dans l'annuaire, s'élevait une petite bicoque aux murs gris entourée d'un jardin à l'abandon
et sur la boite aux lettres était collée une vieille étiquette avec inscrit le nom d'une femme à consonance étrangère. Ainsi tout ce que j'ai appris sur lui en parcourant le net, n'a fait
qu'effacer cette part de mystère qui l'entourait et qui en d'autres temps m'aurait permis de rêver ce soir encore sur ce garçon au regard pétillant.
Avant hier, ma première séance de kiné. J'avais cherché sur les pages jaunes un cabinet tenu par un homme, un reflexe. Quand j'ai téléphoné monsieur X m'a annoncé qu'il ne pouvait pas me donner de rendez-vous avant trois semaines. J'ai raccroché après avoir répondu que je réfléchirai et le rappellerai et après m'être rendu à l'évidence que tous les autres cabinets étaient tenus par des femmes, je me suis rabattu sur le plus proche de chez moi, mais qui avait l'intérêt d'employer deux autres kinés (!). J'ai appelé et après avoir épluché son agenda, elle m'a donné un rendez-vous pour le jour même.
Assis dans une petite pièce, j'attendais mon tour en écoutant deux mégères qui parlaient de leur mari comme d'animaux de
compagnies. Devant son vieux bonhomme appuyé sur sa canne, l'une demandait à l'autre avec le timbre d'une marchande poisson :
"et toi tu le sors de temps en temps ?"
"Oh oui, sinon il resterait toujours à la maison, alors je l'emmène faire un tour !"
"Ba… moi c'est pareille !".
J'étais abasourdi, les tympans percés ; sidéré devant ces deux femmes qui semblaient avoir attendues le dernier tournant de leur vie pour prendre leur revanche sur leur mari devenu enfin vieux, impotent, quand un jeune homme s'est présenté dans la salle d'attente. C'était, trait pour trait, le garçon que j'avais imaginé en parcourant les pages jaunes à la rubrique des kinésithérapeutes. De taille moyenne, les yeux pétillants, le visage souriant et avec dans ses gestes "un je ne sais quoi", qui me mit aussitôt en confiance. J'ai levé les yeux vers lui, nous nous sommes regardés, puis il a invité une femme assise en face de moi à le suivre et quand la porte s'est refermée sur eux, j'ai maudit la terre entière.
Puis une jeune femme à lunette s'est présentée et m'a appelé, je l'ai suivi à travers un couloir en tournant la tête de tous côtés, mais point de jeune homme. Elle m'a fait assoir et m'a posé tout un tas de questions auxquelles je répondais en prenant tout mon temps, espérant que le beau gosse ferait une apparition. En vain.
Ensuite elle m'a fait entrer dans une pièce où je me suis mis en slip. Elle m'a ausculté en me posant quelques questions
convenues, m'a demandé de m'allonger sur un lit, a baissé mon slip, a identifiés du bout de ses doigts experts les points de contractures, puis tout en me faisant un rapide résumé de l'état
désastreux de mes lombaires, m'a enduit le bas du corps d'un liquide doux et tiède et s'est mise à me masser le bas des reins puis les fesses, comme si elle pétrissait une boule de pâte.
La tête dans l'oreille les bras repliés sous mon visage, je pensais : "pas de chance, pourquoi mon nom ne s'est pas retrouvé en face du jeune kiné dans le
carnet des rendez-vous !" Et à chaque fois que les doigts de cette femme s'enfonçaient sur un point douloureux en me demandant : "Et là ça vous fait mal ?", je serrais les dents pour
ne pas rire, m'imaginant sur la béquille répondant au jeune kiné : Oh oui! Oui! Vas y continue !
Après la séance, dans le bureau où l'on reçoit les patients pour leur fixer un prochain rendez-vous, le jeune homme s'est pointé, enfin. Ce que j'ai vu en premier ce sont ses bras jeunes et musclés, couverts de poils fins et sombres, peignés dans le même sens comme s'il venait de les lisser. Je le dévorais du regard au point qu'il s'en est aperçu et comme pour répondre à mon insistance, m'a décoché un "bonjour". Après quoi il est reparti. Alors j'ai demandé à la kiné : "j'aurai toujours affaire à vous ?". Il venait de me traverser l'esprit que, peut être en fonction du carnet de rendez-vous, on pouvait avoir affaire à un autre kiné du cabinet. Mais d'un ton qui se voulait rassurant, elle m'a répondu à mon plus grand désarroi : oui bien sûr, à moins que je sois malade… Alors je me suis mis à penser à toutes sortes de maladies.
En sortant du cabinet j'ai regardé les plaques sur le mur. L'une d'elles portait un prénom masculin. Germain... En marchant je répétais: "Germain X, Germain X, Germain, pour graver son nom dans ma tête. Pourtant, arrivé chez moi, Germain était devenu Damien, alors quand j'ai fait une recherche sur le net je n'ai rien trouvé. Le lendemain, au bureau, j'ai pensé à lui toute la journée mais comme je ne parvenais pas à me souvenir de son nom et que le cabinet n'est pas à lui, une recherche sur google avec pour mots clefs kiné et le "nom de ma ville" ne me renvoyait rien qui lui ressemble.
Je ne m'explique toujours pas pourquoi je n'ai pas eu plus tôt l'idée de sortir la carte de rendez-vous qui était restée dans la poche de
mon blouson, celui que j'avais enfilé le matin en partant travailler. Peut être parce que je pensais à tort qu'il n'y figurait que le nom de la kiné à lunettes qui s'était occupé de moi, pas ses
employés.
Le soir, en rentrant chez moi la touche message de mon répondeur clignotait. Je me suis douté que c'était la kiné celle qui m'avait si bien pétri les fesses que je me sentais déjà mieux, qui
m'avait rappelé. Je lui avais demandé, si une place se libérait plus tôt que le rendez-vous qu'elle m'avait fixé dans huit jours, de me le faire savoir. C'est à ce moment là que je me suis
souvenu de la carte. Je l'ai sortie et j'ai trouvé ce nom que j'avais essayé en vain de retrouver en fouillant dans ma mémoire de piaf.
Après une rapide recherche sur le net, j'avais une photo de lui, je connaissais son âge : une petite trentaine d'années, les pays où il a voyagé : l'Inde, l'Australie, que c'était un sportif, les
établissements scolaires qu'il a fréquentés de la maternelle jusqu'à ses études de Kiné à Paris, mais aussi, au milieu de ces renseignements pour certains, très peu romantiques comme son numéro
Siret, qu'il était célibataire et habitait à quelques pas de chez moi. Mais passé le premier moment d'euphorie, je sentais combien, tous ces renseignements, que l'on peut trouver aujourd'hui
devant son clavier en quelques clics, n'agissaient que comme un miroir aux alouettes, et rompant le charme, dévoilant trop crument ce garçon, ne contribuaient finalement qu'a m'éloigner de lui.
L'internet, contrairement à ce qu'affirment certains, ne rapproche pas les gens, mais bien au contraire, nous renvoie à une solitude plus définitive encore.
Ce matin, je me suis décidé à composer le numéro du cabinet pour décliner le rendez-vous qu'elle me proposait, le jour même,
mais trop tard pour moi. Au bout de quelques sonneries une petite voix masculine, posée et douce m'a répondu. C'était Germain ! Je ne saurais l'expliquer mais ça ne m'a pas étonné de tomber sur
lui, je crois même qu'au fond je m'y attendais un peu. Une prémonition peut être. Comme si, à force de penser à quelqu'un on finissait par provoquer le hasard. Je lui ai expliqué en bafouillant,
la raison de mon appel et à mon plus grand regret il m'a passé sa collègue, la kiné à lunettes.
En fin d'après-midi je me suis décidé à sortir de ma tanière. Je voulais passer à la pharmacie pour commander mon prochain traitement et acheter du pain. Le traitement était un prétexte et le
pain, pareil. En chemin je suis passé dans sa rue. A l'adresse que j'avais trouvée en face de son nom dans l'annuaire, s'élevait une petite bicoque aux murs gris entourée d'un jardin à l'abandon
et sur la boite aux lettres était collée une vieille étiquette avec inscrit le nom d'une femme à consonance étrangère. Ainsi tout ce que j'ai appris sur lui en parcourant le net, n'a fait
qu'effacer cette part de mystère qui l'entourait et qui en d'autres temps m'aurait permis de rêver ce soir encore sur ce garçon au regard pétillant.